Rapport de l'association Addiction Suisse
Benzodiazépines : 3 % des Helvètes y sont accros
Plus de 3 % de la population suisse prend quasi quotidiennement des somnifères ou des tranquillisants. Les femmes et les personnes âgées sont les plus touchées.
« Somnifères et tranquillisants : une dépendance silencieuse », c’est le titre d’un article paru ce mercredi dans le dernier numéro de la revue spécialisée suisse Dépendances. Dedans, des chercheurs de l'association « Addiction Suisse » examinent la prise de médicaments psychoactifs sous différents angles. Et les chiffres dévoilés sont pour le moins inquiétants.
3 % des Suisses accros
Par exemple, plus de 3 % de la population suisse prend quasi quotidiennement des somnifères ou des tranquillisants pendant une année, voire plus longtemps dans bien des cas. Il s’agit pour l’essentiel de benzodiazépines, des médicaments utilisés dans le traitement de l’insomnie, de l’anxiété et des convulsions ou en prémédication avant une intervention chirurgicale. D’après les auteurs, « le phénomène touche surtout les personnes âgées, les femmes davantage que les hommes. »
Les dangers d’une prise au long cours
Et contrairement à ce que leur usage courant pourrait laisser penser, les benzodiazépines sont loin d’être des médicaments anodins. « L’usage régulier de ces médicaments sur une durée prolongée est problématique en raison de leur potentiel addictif et de leurs effets secondaires », rappellent ces scientifiques.
Une prise prolongée peut notamment entraver la coordination des mouvements et entraîner des troubles de la mémoire et de l’attention. Chez les personnes âgées, elle augmente sensiblement le risque de chute.
Récemment, des chercheurs bordelais ont même publié des résultats suggérant qu'un risque de démence est associé au mésusage de ces médicaments, c'est-à-dire avec des durées de traitement au-delà de ce qui est recommandé, soit quelques mois.
L'arrêt brutal impossible ?
Toujours sur les risques, ces experts estiment aussi que « jusqu’ici, on a sous-estimé les problèmes qui se posent au moment de l’arrêt de ces produits », déclarent Etienne Maffli et Luca Notari, auteurs de l’article.
Ils présument que les personnes concernées arrêtent souvent les médicaments trop tard, de sorte qu’elles se heurtent à des difficultés. Les deux chercheurs réclament « davantage d’informations pratiques tant pour les médecins et les pharmaciens que pour les patients, afin de préparer la fin du traitement suffisamment tôt ou, si une accoutumance s’est déjà installée, de réduire progressivement les doses. »
« Bien souvent, le processus se révèle difficile ; les indications concrètes pour ce faire ne semblent pas toujours connues. Un arrêt brutal après une prise prolongée pose problème, les symptômes de sevrage pouvant être marqués », soulignent-ils.
Les Français plus accros que les Suisses
Et face à ces risques, les Français ne font pas beaucoup mieux que les Suisses. Une étude réalisée l'an dernier par la société Celtipharm a en effet montré que le nombre de consommateurs habituels d'anxiolytiques et autres hypnotiques progresse en France.
Ils seraient aujourd'hui 32 %. L'analyse en temps réel des ventes de 3 004 pharmacies par Celtipharm mettait également un coup de projecteur sur un autre danger : le mauvais usage de cette classe de médicaments, qui menace chaque mois d'effets secondaires graves pas moins de 230 000 Français, victimes de prescriptions associant psychotropes à des médicaments peu compatibles.