Poids, dents, sommeil...
Les inégalités de santé présentes dès 6 ans
Dès la grande section de maternelle, les inégalités de santé se sont déjà creusées selon les groupes socio-économiques, d'après un rapport de la Drees.
Les hommes naissent libres et égaux en droits… mais ne le restent pas longtemps dans les faits. Un nouveau rapport de la Drees tire un constat alarmant, dans la République des droits de l’Homme. Il montre que les inégalités dans le domaine de la santé émergent dès le plus jeune âge – dès les premières années d’école maternelle.
Surpoids, obésité, pauvreté
Ainsi, selon les travaux menés par la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques, les enfants issus de familles aux revenus modestes manifestent déjà les signes d’une santé précaire. Alors que 7 % des enfants de cadres sont en surcharge pondérale et 1 % obèses, chez les ouvriers, ces taux s’élèvent à 16 et 6 %.
Au total, en 2013, 12 % des enfants de grande section de maternelle sont en surcharge pondérale et 3,5 % sont obèses, un niveau comparable à celui de 2006. « Plus le niveau de diplôme des parents est élevé, plus les prévalences de la surcharge pondérale et de l’obésité diminuent », notent les auteurs du rapport. Les écoles relevant de l’éducation prioritaire ont une proportion plus importante d’enfants en surcharge pondérale.
« Sans-dents »
Par ailleurs, l’expression douteuse attribuée à François Hollande sur les « sans-dents », associée aux personnes en situation précaire, se confirme tristement à cet âge. Selon le rapport de la Drees, moins d’un enfant de cadres sur 10 (8 %) présente au moins une dent cariée, c'est un sur trois pour les enfants d’ouvriers. Chez ces derniers, on observe également plus de caries non soignées (24 %) que chez les enfants de cadres (4 %).
« Les démarches et les comportements liés à la prévention, comme l’hygiène bucco-dentaire, sont également très marqués socialement : si 60 % des enfants de cadres se brossent les dents plusieurs fois par jour, ils sont 47 % parmi les enfants d’ouvriers », précisent les auteurs. Les visites chez le dentiste (en dehors du cadre scolaire et des consultations gratuites proposées par l’Assurance maladie) se font elles aussi plus fréquemment dans le premier groupe, où 56 % des enfants ont déjà consulté, contre 40 % pour les enfants du second groupe.
Moins de sommeil, plus de télé
Enfin, les enfants de parents ouvriers dorment légèrement moins que leurs camarades issus de couples de cadres – une dizaine de minutes, en moyenne – et sont davantage exposés aux écrans.
« Dès la grande section de maternelle, les habitudes de vie bénéfiques à la santé sont plus souvent déclarées pour les enfants issus des milieux socialement favorisés. Les enfants de cadres passent en moyenne moins de temps quotidien devant un écran, même les jours de classe : seuls 25 % y consacrent plus d’une heure, contre 59 % pour les enfants d’ouvriers. Ces derniers disposent aussi plus souvent d’un écran dans leur chambre (34 % contre 9 %).