Auto-défense et information
Agressions sexuelles : former les jeunes femmes réduit le risque de viol
Former les jeunes femmes à reconnaître le risque d'agression sexuelle et à se défendre permet de réduire de moitié le nombre de viols et de tentatives de viol.
A l’université, une femme sur quatre sera victime de viol. Mais il est possible d’anticiper ces agressions… du côté de la victime. Des chercheurs canadiens ont développé une approche mi-verbale mi-physique qui permet aux jeunes femmes de se défendre. Le programme n’évite pas seulement les viols, il limite aussi les attouchements, selon les résultats parus dans le New England Journal of Medicine.
Une auto-défense verbale et physique
Les étudiantes sont particulièrement à risque de subir une agression sexuelle. C’est le constat qui a incité la psychologue Charlene Senn à développer un programme de prévention. Son idée : comme pour les infections bactériennes ou virales, il est impossible de réduire le risque à zéro. Mais il est possible d’entraîner le système immunitaire à se défendre. En formant les femmes à se défendre, il devrait donc être possible de réduire le taux de viols.
Pendant 10 ans, le Dr Senn a travaillé au développement d’un programme d’intervention. Le fruit de ses travaux a été testé auprès de 893 étudiantes canadiennes. Elles ont été réparties de manière aléatoire en deux groupes, dont un contrôle qui a seulement consulté des brochures sur le viol. L’intervention se compose de quatre séances de trois heures. Les participantes reçoivent des informations et sont formées à évaluer le risque, reconnaître le danger et engager une auto-défense verbale et physique.
Risque réduit de 46 %
« Le risque de viol à un an est significativement plus bas chez les femmes du groupe de résistance par rapport au groupe contrôle », conclut le Dr Charlene Senn. Le nombre de viols et celui de tentatives de viol sont 46 % et 63 % moins élevés. L’impact s’observe également dans les tentatives de contrainte et les attouchements non consentis. Pour 22 femmes enrôlées dans le programme, un viol a été évité.
En attendant une intervention efficace sur l’attitude des hommes, cette solution prouve son efficacité, concluent les chercheurs. « Les conséquences sanitaires et sociales d’une agression sexuelle peuvent être graves et sur le long terme, souligne le Dr Senn. Nous savons que le programme est efficace, et nous le voyons comme une étape importante dans la prise de pouvoir des jeunes femmes. »
Un programme efficace chez l’homme testé au Kenya
Former les jeunes femmes à se défendre contre les agressions sexuelles est un grand pas en avant. Mais apprendre aux jeunes hommes à reconnaître le consentement en est un autre. L’ONG No Means No Worldwide, qui opère dans les bidonvilles de Nairobi (Kenya) a mis au point une courte formation avec 1 500 jeunes hommes (15-22 ans). Des éducateurs ont abordé avec eux les thèmes de la sexualité, du consentement et des stéréotypes à propos des femmes. Ils ont également signalé l’importance d’agir lorsqu’ils sont témoins de violences envers les femmes. Les résultats, parus dans le Journal of Interpersonal Violence, montrent que, par rapport à un groupe de contrôle, les jeunes hommes « formés » font preuve de plus de tolérance vis-à-vis des femmes, et n’hésitaient pas à les défendre en cas d’agression.