Retard cérébral
Anesthésie générale : des risques établis chez les moins de 4 ans
Des anesthésistes affirment qu'une anesthésie générale avant l'âge de 4 ans peut causer des dommages sur le cerveau des enfants.
Dans une étude récemment publiée dans la revue Pediatrics, une équipe de d’anesthésistes rattachée à l’hôpital pour enfants de la ville de Cincinnati pense avoir démontré que les enfants endormis pour une opération chirurgicale avant l’âge de 4 ans subiraient d’importants changements au niveau de la structure du cerveau. Parmi les effets reportés, une diminution de densité de la matière grise dans les régions postérieures du cerveau.
Pour mener cette étude rétrospective, les médecins ont décidé de s’intéresser à 106 enfants âgés de 5 à 18 ans dont la moitié avait subi une opération chirurgicale lourde nécessitant une anesthésie avant leur quatrième année. Plusieurs tests, servant à mesurer leur quotient intellectuel et leur activité cérébrale, ont été réalisés.
Les premiers résultats montrent que les chiffres globaux sont dans la moyenne de la population, et ce, avec ou sans antécédents médicaux. En revanche, c’est au moment d’étudier ces résultats en détail que le bât blesse, les enfants qui ont subi une anesthésie générale avant quatre ans ont des scores bien plus faibles que les autres au niveau de la compréhension orale et du QI.
Des retards chez les opérés très jeunes
Cette différence pourrait s'expliquer par des expériences réalisées auparavant par Andreas Loepke, auteur de l’étude et anesthésiste au sein de l’hôpital de Cincinnati. Après avoir endormi des rats avec les mêmes médicaments utilisés pour les humains, le spécialiste s'est aperçu que de nombreux neurones étaient morts au niveau du cerveau, impliquant une déficience neurocognitive. Ces travaux avaient déjà soulevé quelques interrogations sur les conséquences de l’anesthésie chez les plus jeunes. A cet âge, le développement neurologique est très sensible et des interférences peuvent induire des anomalies fonctionnelles à long terme.
« Le but ultime de notre expérience est d'améliorer la sécurité chez les jeunes enfants qui n’ont pas le choix de subir une intervention chirurgicale sous anesthésie pour traiter leurs problèmes de santé graves », explique Andreas Loepke. « Nous avons essayé de mieux comprendre dans quelle mesure les anesthésiques et d'autres facteurs contribuent à des anomalies chez les enfants »
Vers des produits alternatifs ?
Ce n’est pas la première fois que les conséquences d’une anesthésie générale chez les très jeunes enfants font l'objet d'interrogations. Des chercheurs de l’université de Toronto (Canada) avaient lancé l’alerte dans les colonnes du New England Journal of Medicine. Ils étaient eux-aussi convaincus que les effets neurotoxiques des médicaments anesthésiants pouvaient être néfastes pour la santé, et en particulier sur le cerveau.