Microperforations de la peau

Vaccination : bientôt la fin des aiguilles !

Des chercheurs français ont mis au point un nouveau procédé de vaccination capable d’être injecté sans aiguille ni adjuvant, mais grâce à un laser. Un espoir pour les plus sensibles.

  • Par Dilan Fadime Yavuz
  • CLOSON/ISOPIX/SIPA
  • 09 Jun 2015
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    Il en sera peut-être bientôt fini de la galère des piqûres et des polémiques de l’aluminium dans les vaccins. C’est en tout cas ce que laisse espérer une étude menée par des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’université d’Aix-Marseille. Ils sont parvenus à vacciner des souris contre le mélanome en leur administrant une préparation vaccinale sans adjuvant, et le tout grâce à des micropores formés dans la peau via un laser. Les résultats de cette étude ont été publiés dans The Journal of Immunology.


    Court-circuiter le réseau de cellules dendritiques

    « Actuellement, un vaccin est injecté avec une aiguille qui traverse le derme et libère la solution vaccinale dans l’hypoderme ou dans le muscle », explique Bernard Malissen, coauteur de ces travaux. Les chercheurs ont développé un vaccin « ciblé » et isolé un antigène présent à la surface de cellules de mélanome. Ils l’ont ensuite couplé à une molécule appelée XCL1 qui se lie spécifiquement à un récepteur présent à la surface des cellules dendritiques du derme (XCR1).
    « On court-circuite donc le derme et son réseau très dense de cellules XCR1. Ces cellules sont des sentinelles extrêmement performantes du système immunitaire : elles présentent les antigènes aux lymphocytes T immatures en vue de leur différenciation en lymphocytes T effecteurs, capables d’éliminer l’agent pathogène. Nous voulions donc cibler spécifiquement ces cellules dendritiques* du derme afin de stimuler la réponse immunitaire », précise l’auteur. Cette méthode évite ainsi le recours à des adjuvants, classiquement utilisés pour stimuler l'activation du système immunitaire.
    Le récepteur XCR1 étant présent d’une espèce à l’autre, et notamment chez l’homme, « le transfert de cette approche devrait relativement simple à mettre en œuvre », estiment les chercheurs. Par ailleurs, le procédé pourrait être « être utilisé pour vacciner contre différents agents infectieux ». 

    Stimuler le système immunitaire

    Pour réaliser cette vaccination sans aiguille, l’équipe de recherche a utilisé un laser couramment employé en chirurgie esthétique. Ils ont exposé la peau de souris (en bonne santé ou présentant un mélanome) à ce rayon et ont ensuite appliqué localement la solution vaccinale. Résultats : l’effet a été rapide, puisque la vaccination a arrêté la progression de la tumeur chez les souris ayant un mélanome et protégé le groupe sain à qui des cellules tumorales avaient été injectées après la vaccination, contre le cancer.

    « Le vaccin a donc été efficace en prévention et en thérapie, malgré l’absence d’adjuvant habituellement indispensable pour stimuler la réponse immunitaire en cas de vaccination contre le cancer. Peut-être que l’application du laser provoque une légère inflammation locale qui attire des cellules immunitaires (de type monocytes et granulocytes), potentialisant la réponse générée par le vaccin. Nous sommes en train de vérifier cela », conclu Bernard Malissen.
    Ce nouveau dispositif permettrait à terme de pouvoir se passer des très controversés adjuvants que contiennent les vaccins actuels.

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