Découverte française
Typhus : la bactérie est transmise par le moustique
Les moustiques responsables du paludisme transmettent aussi une autre maladie très connue : le typhus. C’est la première fois que ce mode de transmission est mis en évidence.
Le moustique ne transmet pas que des parasites à l’homme. L’anophèle (Anopheles gambiae), vecteur du paludisme, est aussi responsable de nombreuses rickettsioses – ou typhus – en Afrique subsaharienne. Une équipe du service des Maladies Infectieuses Aiguës à l’hôpital de la Timone, à Marseille (Bouches-du-Rhône) vient de faire cette découverte. C’est la première fois qu’un tel mode de transmission est mis en évidence, précisent les chercheurs dans la revue de l’Académie américaine des sciences, PNAS.
Une bactérie découverte en 2002
Chaque année, une centaine de cas de rickettsioses sont répertoriés dans le monde. Cette bactérie provoque de la fièvre chez l’homme, la forme la plus connue étant le typhus. L’une d’entre elles fait l’objet de travaux depuis sa découverte, en 2002 : Rickettsia felis. Jusqu’ici, les chercheurs pensaient que la puce était responsable de sa transmission.
« Mais dans certains pays où la prévalence de R. felis est très forte, ni les puces du chat ni les autres arthropodes n’ont été impliqués dans la transmission », écrivent les auteurs de l’étude. Il fallait donc trouver un autre coupable. Le moustique semble être le candidat idéal. « Quand on fait des enquêtes sur les fièvres d’origine indéterminée, qui sont très fréquentes en zone tropicale et notamment en Afrique, on s’aperçoit que R. felis est responsable de 10 à 15 % d’entre elles, précise le Pr Philippe Parola, principal auteur de l’étude. C’est le cas en Afrique subsaharienne, où sévit le paludisme. »
Une des fièvres les plus fréquentes
C’est la première fois qu’une équipe démontre la présence de R. felis chez le moustique. Cette découverte a été réalisée en laboratoire, après avoir nourri les insectes avec du sang infecté. La bactérie reste détectable jusqu’à 15 jours après l’infection.
En pratique, la même observation devrait venir assez naturellement, selon le Pr Parola. « Dans la nature, il y a une différence entre la compétence vectorielle et la capacité vectorielle qui fait intervenir différents paramètres : l’existence de réservoirs animaux, l’affinité de ce moustique à piquer l’homme – ce qu’il adore faire – et des paramètres écologiques et saisonniers, énumère-t-il. On a un grand nombre d’arguments qui font que le moustique Anopheles gambiae est un des vecteurs de Rickettsia felis dans la nature. »
Ces conclusions ont une vraie portée pratique pour les médecins, puisqu’elles permettent de mieux comprendre comment certaines personnes – dont les voyageurs – contractent cette fièvre. Et les rickettsioses ne sont pas rares : selon les continents, elles figurent dans le top 3 ou 4 des fièvres déclarées au retour des tropiques.
Diagnostiquer davantage ces infections est important : avec des antibiotiques peu coûteux, la doxycycline en premier lieu, il est possible de guérir des rickettsioses.