Observatoire européen des drogues
Salles de shoot : leur installation a réduit la mortalité par overdose
Les salles de shoot inquiètent, mais ont un intérêt pour la santé publique. Les comportements à risque des usagers reculent, ce qui améliore la sécurité du quartier.
Moins de comportements à risque et de crimes. Les salles de shoot existent en Europe depuis 1986. Dans son rapport annuel, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) revient sur l’impact de ces structures de consommation à moindre risque (SCMR). Si les données sont difficiles d’accès pour la communauté internationale, elles font l’unanimité : les SCMR ont permis d’améliorer la sécurité des usagers de drogues, surtout injectables, mais aussi celles des riverains.
Les salles de consommation sont d’abord apparues pour endiguer les problèmes locaux posés par les drogues. Le service de base inclut des équipements stériles, un suivi médical avant, pendant et après la consommation de drogue. Mais trois modèles existent en Europe, dans six pays. Certains proposent des « plus » : adresse postale, casiers verrouillés… Dans tous les cas, elles sont installées dans des zones sensibles, où la consommation de drogue pose un réel problème. En effet, elles ont pour objectif d’attirer les consommateurs qui ne se présentent pas dans le circuit traditionnel.
Une consommation plus sûre
« Des inquiétudes ont été exprimées sur le fait que les structures de consommation puissent encourager la consommation de drogue, retarder l’accès au traitement ou aggraver les problèmes du marché local de la drogue, reconnaît le rapport. Les initiatives pour installer des salles de consommation ont parfois été empêchées par des interventions politiques. »
Mais les données recueillies dans différents pays témoignent d’une réelle efficacité à plusieurs titres. Les décès par overdose reculent logiquement. Mais les usagers de drogues ont aussi moins de comportements à risque, comme le partage de seringues. Les pays observent plus de tentatives de décrochage dans les communautés ayant accès aux salles de shoot, et moins de consommations en public.
« En résumé, les bénéfices apportés par des structures de consommation supervisée de drogue peuvent améliorer la sécurité et l’hygiène, particulièrement chez les usagers réguliers, ce qui accroît l’accès à des services sanitaires et sociaux, et réduit l’usage de drogues en public et les nuisances associées », concluent les auteurs du rapport.
L’exemple de Barcelone :
Le bilan du rapport annuel
Le cannabis reste la drogue illicite la plus consommée en Europe avec 19,3 millions d’adultes utilisateurs. 1 % de toute la population adulte en consomme tous les jours ou presque.
Les dépendances aux opioïdes, en revanche, posent toujours un problème chronique. Les personnes qui en sont atteintes ont besoin d’une prise en charge appropriée, rappelle le rapport, notamment parce qu’un nombre croissant d’usagers en Europe sont des poly-utilisateurs en mauvaise santé générale (maladies cardiovasculaires, pulmonaires, hépatiques).
La tendance de la consommation d’héroïne est « relativement positive » avec une stagnation globale de la demande. En fait, le cœur de la bataille se situe au niveau des overdoses mortelles et des décès liés aux usages de drogues : 6 100 overdoses fatales en Europe en 2013 – principalement liées à l’héroïne et autres opioïdes.