Moqueries, violences physiques à l'école

Un tiers des dépressions de l'adulte lié au harcèlement scolaire

Le harcélement scolaire serait fortement associé à la dépression à l'âge adulte. Les violences répétées multiplieraient par deux ce risque.

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • DURAND FLORENCE/SIPA
  • 03 Jun 2015
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    Insultes répétées, moqueries dans la cour de récréation, violences physiques ou encore messages humiliants sur internet, le harcèlement scolaire prend différentes formes. Loin d’être un phénomène nouveau, les nombreux faits divers relatant les histoires d’enfants harcelés mettant fin à leur jour ont provoqué une prise de conscience générale : le harcèlement à l’école entraîne des séquelles psychologiques profondes chez les victimes. Une détresse psychologique fortement associée à un risque de dépression à l’âge adulte, selon une étude britannique publiée cette semaine dans le British Medical Journal.

    L’équipe de l’Université d’Oxford a suivi près de 4 000 adolescents pour les besoins de l’étude. Tous ces enfants ont rapporté avoir été victimes de violences physiques, verbales ou psychologiques à l’âge de 13 ans. Cinq plus tard, les chercheurs ont rencontré à nouveau ces victimes pour évaluer les conséquences tenaces de ce harcèlement.

    Un risque de dépression multiplié par 2

    Parmi les 683 enfants ayant rapporté avoir été fréquemment victimes de violences à l’école, près de 15 % étaient dépressifs à 18 ans. Une proportion moindre chez les enfants qui n’ont pas souffert de harcèlement (5,5 %). Les résultats montrent ainsi que les enfants harcelés par leurs pairs, occasionnellement ou fréquemment, ont environ deux fois plus de risques d’être dépressifs à l’âge adulte que ceux n’ayant pas été des souffre-douleurs.

    Les chercheurs ont également voulu savoir si ces victimes avaient cherché de l’aide. Au vu des résultats, parler du harcèlement dont elles sont victimes n’est pas chose aisée. « La plupart des victimes (41-74 %) rapportent qu’elles ne se sont jamais confiées à leurs professeurs, et 24 à 51 % des ces adolescents n’ont jamais évoqué ses agressions à leurs parents. Ils signalaient plus facilement avoir été victimes de violences physiques », indique les auteurs.

    Plus de 700 000 victimes en France

    Selon les chercheurs britanniques, près d’une dépression sur trois au début de l’âge adulte pourrait être attribuée au harcèlement scolaire. l relation de cause à effet qui doit encore être démontrée. 

    Cette étude confirme toutefois que des interventions dans le milieu scolaire, la formation des professeurs et des parents permettraient de repérer les victimes mais également les bourreaux. La répétition des violences, un enfant qui n’a plus envie d’aller à l’école ou encore l’isolement sont des signaux qui doivent alerter. En France, plus de 700 000 jeunes du primaire au lycée seraient victimes de harcélement, selon le ministère de l'Education qui a fait de la lutte contre les violences scolaires l'une de ses priorités. 

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