Anthropologie criminelle
Un meurtre vieux de 430 000 ans découvert en Espagne
En analysant le fossile d’un crâne de 430 000 ans, des chercheurs espagnols ont découvert que l’origine de la mort était intentionnelle. C’est le plus vieux meurtre connu à ce jour.
Le plus vieux meurtre du monde n’a pas été découvert par les Experts Miami, Manhattan ni même ceux de Las Vegas, mais par des chercheurs ibériques. Ces derniers ont constaté, après analyses, qu’un fossile de crâne retrouvé au fond d’une grotte, dans le nord de l’Espagne, portait des signes révélateurs de coups mortels. Les résultats de cette enquête ont été publiés dans la revue américaine Plus One, le 27 mai dernier.
L'arme du crime : un objet contondant
La victime, l’Homo heidelbergensis, de la lignée primitive de Neandertal (vivant entre -700 000 à -200 000 ans), a donc été retrouvée dans la Sima de los Huesos, la « Grotte des Os », sur le site préhistorique d’Atapuerca (nord de l'Espagne), parmi vingt-huit autres restes humains. Attaqué par l’un de ses congénères, la victime a succombé à ses blessures.
L’agresseur, muni, d’après les chercheurs, d’un objet contondant, aurait frappé violemment sa victime par deux fois au-dessus de l’œil gauche, fracturant à deux endroits son crâne et causant sa mort. « Cranium 17 », c’est la victime, est composé de 52 fragments d’os, avec un squelette facial et d’une dentition complète.
« Nous avons examiné les os au microscope et utilisé la tomodensitométrie », explique Juan Luis Arsuaga, professeur de paléontologie à l’université Complutense de Madrid et principal auteur des travaux. D’après lui la victime serait un jeune adulte, dont on ignore encore le sexe.
Une rencontre en face-à-face
Grâce à des techniques médico-légales employées par la police, les chercheurs ont constaté que les blessures mesuraient près de deux centimètres de large. Une reconstitution virtuelle des fractures a prouvé que les dommages auraient été causés par le même objet.
« Basé sur les similitudes de formes et de taille des blessures, nous croyons que le résultat des coups répétés avec le même objet et infligés par une autre personne, était sûrement une rencontre en face-à-face », explique Nohemi Sala, chercheuse à l'université Complutense de Madrid. Elle affirme également que l'arme du crime était sans doute une lance en bois avec une pointe en pierre ou en pierre biface.
Pour les scientifiques, « la présence de plusieurs coups implique qu’il y avait intention de tuer ». Nohemi Sala explique qu’il est malheureusement « impossible d'interpréter la motivation de l'assassinat. Même Sherlock Holmes ne peut pas nous aider ». Cette découverte constitue, pour l’équipe de recherche, la preuve que la violence fait partie de la culture humaine. Pas sûr que le coupable puisse, un jour, rendre des comptes à la justice.