Expérience aux Etats-Unis
Sexisme, racisme : une thérapie pour évacuer les préjugés en dormant
Il suffirait de dormir pour se débarrasser des préjugés liés au sexe ou à la couleur de peau. Des chercheurs américains ont développé un protocole qui fonctionne une semaine.
Pourrait-on « guérir » le sexisme ou le racisme comme on guérit d’une phobie ? Des chercheurs de l’université Northwestern (Evanston, Illinois, Etats-Unis) ont tenté de désapprendre ces stéréotypes sociaux à 40 personnes. Les résultats de leur expérience, publiés dans le prestigieux magazine Science, sont probants : une seule session, suivie d’une sieste, permet de réduire l’influence des idées reçues liées à l’ethnie ou au sexe.
Avant de tenter de lutter contre les clichés raciaux ou sexistes, l’équipe est parvenue à réactiver la mémoire pendant le sommeil profond. Leur protocole est plutôt simple : chaque participant bénéficie d’une session de formation durant laquelle des sons distincts sont diffusés. Il fait ensuite une sieste. Lorsqu’il entre dans le sommeil profond, la même bande sonore passe. « Les sons entendus pendant le sommeil peuvent améliorer la mémoire des informations reçues pendant le sommeil », résume Ken Peller, co-auteur de l’étude.
Efficace pendant une semaine
La technique a été étendue aux stéréotypes liés à l’ethnie ou au sexe. Dans le cadre du « désapprentissage », les 40 participants ont été placés devant un écran. Des visages ont été associés à des mots qui contredisaient l’idée reçue. Ainsi, les visages féminins s’affichaient avec des mots associés aux mathématiques ou à la science, ceux de personnes noires apparaissaient avec des mots agréables. Pour chaque paire, un son distinct était diffusé.
Les volontaires ont ensuite fait une sieste. Sans qu’ils ne le sachent, pendant leur sommeil, les sons diffusés pendant la session l’ont été à nouveau. Au réveil, les stéréotypes raciaux ou sexistes étaient moins forts. : « Il est surprenant d’observer que les interventions basées sur le sommeil ont un impact qui reste visible une semaine après, commente Xiaqing Hu, co-auteur de l’étude. On s’attendait au fait qu’une intervention unique et brève ne soit pas assez solide pour avoir une influence durable. Il serait probablement plus bénéfique d’utiliser plusieurs sessions et un entraînement plus long. Mais nos résultats montrent qu’apprendre, même dans ce cas particulier, dépend du sommeil. »
L’équipe a prévu d’approfondir les recherches dans ce domaine. Ils veulent notamment déterminer si le désapprentissage reste efficace lorsqu’il faut prendre une décision. Peut-être même sera-t-il possible de lutter contre les phobies, l’égoïsme… ou le tabagisme.