A l'assemblée nationale
Burn-out : une maladie professionnelle assumée par l'employeur
Benoît Hamon, avec le soutien de 30 députés, présente à l'Assemblée Nationale trois amendements qui devraient permettre au burn-out d'être reconnu comme une maladie professionnelle.
Bien plus qu’un simple phénomène épisodique, le burn-out semble bien être le nouveau « mal du siècle » chez de nombreux travailleurs.
Seulement voilà, ce phénomène qui peut mener tout droit à la dépression n’est pas encore reconnu comme maladie professionnelle. C’est là tout l’enjeu des discussions menées aujourd’hui à l’Assemblée Nationale par le député socialiste Benoît Hamon, dans le cadre du débat sur le projet de loi sur le dialogue social.
Accompagner l'évolution du monde du travail
Ce sont trois amendements qui seront déposés par Benoît Hamon en compagnie de 30 autres députés afin de protéger les employés susceptibles d’être touchés par le burn-out. Selon l’ancien ministre de l’Education Nationale, interrogé par le quotidien Libération, si ce phénomène apparait aujourd’hui, c’est « parce que les entreprises sont à la croisée de plusieurs bouleversements » .
Parmi eux, il est mis en avant « l’irruption des nouvelles technologies, la prise de pouvoir des actionnaires et les exigences court-termistes ». Le monde du travail évolue, c’est un fait, en revanche l’accompagnement des employés au sein même de l’entreprise doit lui-aussi se mettre au niveau.
Mais alors, que changerait la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle ? Actuellement, une personne victime de burn-out est considéré en dépression nerveuse et pris en charge par le régime général de la Sécurité Sociale. Si le burn-out était reconnu comme maladie professionnelle, l'employé serait pris en charge par la branche professionnelle, financée à 97 % par les cotisations des entreprises. Une opportunité pour l'Assurance maladie d’alléger certaines dépenses. L’un des objectifs premiers est donc ici de faire prendre conscience aux entreprises du rôle qu’elles ont à jouer, et ce, même si cela signifie les « frapper au porte-monnaie », comme le rappelait Benoît Hamon ce matin sur l' antenne de France Info.
Reste que, la définition même de burn-out reste encore assez floue. Benoît Hamon ne souhaite pas mélanger le burn-out lié au travail et celui lié à un épuisement général, le plus souvent provoqué par de nombreux facteurs extérieurs.
«Il faut avancer sur cette définition, sur laquelle patronat et syndicats ne parviennent pas à s’entendre. » Nul doute que les discussions parlementaires auront pour but de créer un cadre strict et précis afin de mieux appréhender la maladie.
3 millions d'employés concernés en France
En 2013, seuls 239 patients ont vu leur pathologie reconnue après le dépôt d’un dossier au comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles, une démarche fastidieuse et rarement couronnée de succès. La reconnaissance en tant que tel par l’Assemblée Nationale faciliterait grandement les choses pour les personnes atteintes, qui seraient considérées de facto comme patients à prendre en charge.
En France, près de 3 millions de salariés sont menacés par l’épuisement professionnel. Tout récemment, le cabinet Technologia publiait un rapport concernant les professions les plus touchées par le burn-out. Si les agriculteurs sont bien plus enclins que les autres à subir l’épuisement professionnel, les employés sont également bien placés dans ce classement.