25 000 mamans solos interrogées

Monoparentalité : les mères isolées sont plus vulnérables

La santé des mères célibataires varie selon le pays dans lequel elles vivent. Les politiques sociales mises en place et l'entourage familial sont essentiels pour soutenir ces femmes vulnérables.

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • Brynn Anderson/AP/SIPA
  • 18 Mai 2015
  • A A

    En France, près de 2 millions de familles sont monoparentales. Une parentalité endossée en grande majorité par les femmes. Dans ce nouveau modèle familial, le parent isolé doit être présent sur tous les fronts : éducation des enfants, vie professionnelle, difficultés du quotidien… Une accumulation de rôles qui fragilise psychologiquement et physiquement ces femmes pour toute leur vie, révèle une étude américaine publiée ce jeudi dans le Journal of Epidemiology & Community Health.

    Peu de travaux se sont intéressés aux conséquences sur le long terme de la monoparentalité, encore moins en comparant une dizaine de pays développés. Une question primordiale pourtant car la monoparentalité est vécue différemment selon les régions du monde et les modèles culturels, expliquent les chercheurs de l’université de Harvard.

    1 Française sur 5 est une mère isolée

    Pour mettre en avant ces différences entre les pays, les scientifiques ont alors comparé plus de 25 000 femmes de plus de 50 ans habitant aux Etats-Unis, en Angleterre et dans 13 pays d’Europe dont la France. D’après leurs données, 1 femme américaine sur 3 est un parent isolé avant 50 ans. En comparaison, 1 Française sur 5 est une mère célibataire,  en Suède et au Danemark ce sont environ 2 femmes sur 5.

    Leurs observations montrent que les mères anglaises, américaines, danoises et suédoises souffraient plus que les autres de la monoparentalité. Un impact sanitaire qui s’exprime par des maladies cardiovasculaires, des pathologies chroniques, des troubles de la santé mentale et des décès prématurés.

    Situation vulnérable

    Cette vaste étude présente également le portrait des femmes les plus à risques. Avoir connu un divorce, devenir mère avant 20 ans, élever ses enfants seules depuis plus de 8 ans ou encore en avoir plusieurs augmenteraient les risques d’invalidité et de maladies après 50 ans par rapport aux mères mariées.

    Ces femmes ont aussi un point commun : le manque d’argent. « La monoparentalité est associée à la pauvreté dans de nombreux pays, mais elle se retrouve plus aux Etats-Unis qu’en Europe », soulignent les chercheurs. La raison de cette inégalité tient en deux mots : politique familiale. Là où la protection sociale existe, comme en France, « les aides sociales contribuent à alléger le problème de la pauvreté », relèvent les auteurs.

    Un soutien familial primordial

    Mais pour celles qui n’ont pas la chance de bénéficier de telles aides, l’entourage familial est essentiel. Les chercheurs ont en effet noté que les mères isolées dans le sud de l’Europe (Italie, Espagne et Grèce) étaient en meilleure santé à 50 ans que les autres. Dans cette région de la Méditerranée, les liens familiaux sont très forts, au point qu'il est très fréquent qu'une famille entière (grand-parents, parents, enfants, oncles, tantes, cousins...) habite dans la même ville voire le même quartier. Une proximité qui permet de lutter contre l'isolement des familles monoparentales. 

    Les auteurs espèrent que leurs travaux feront prendre conscience aux décideurs des problématiques liés à la monoparentalité, en particulier le mauvais état de santé de ces mères isolées à la cinquantaine. Les disparités mises en lumière par cette étude évoquent le besoin de politiques sociales qui protégeraient ces femmes. Leur permettre de rester dans la vie active tout en conciliant leurs responsabilités professionnelles et familiales serait un premier pas important.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----