Etude de l'Institut Gustave Roussy

Cigarette : la mortalité plus importante que prévu

D’abord estimé à 73 000, le nombre des décès liés au tabac en 2010 est revu à la hausse par une étude menée par deux épidémiologistes de l'Institut Gustave Roussy.

  • Par Hugo Septier
  • LODI FRANCK/SIPA
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  • 13 Mai 2015
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    Et si le tabagisme tuait encore plus que ce que l’on sait ? Les statistiques officielles étaient jusqu’à maintenant d’accord sur le chiffre de 73 000 décès chaque année liés au tabac. Or, selon une récente étude, celui-ci pourrait finalement être rehaussé à 78 000. D’après Catherine Hill et Laurine Ribassin-Majed, les deux épidémiologistes de l’Institut Gustave Roussy en charge de cette étude publiée dans la revue The European Journal of Public Health, les femmes seraient aujourd’hui bien plus nombreuses à décéder de maladies liées au tabac que dans les années 1980.

    Les femmes de plus en plus touchées

    Pour expliquer ces différences de chiffres, les deux scientifiques ont étudié les actes de déces de 5000 patients morts à la suite de causes inconnues. Elles se sont apercues qu'en fait, les symptômes de leurs maladies pouvaient être liés à la cigarette. Elles ont donc redistribué les maladies dans des catégories déjà existantes, ce qui a gonflé les chiffres de la mortalité. 

    Les courbes de mortalité des hommes et des femmes suivent des évolutions bien différentes. Alors que les hommes meurent de moins en moins à cause de la cigarette (63 000 en 1980 contre 59 000 en 2010), les femmes sont de plus en plus nombreuses dans ce cas (de 2700 à 19 000 en seulement 30 ans). Aujourd’hui, près de 7% des femmes meurent d’un cancer du poumon du fait de leur tabagisme. « L’épidémie chez les femmes est en pleine augmentation car celles qui ont commencé à fumer sérieusement atteignent un âge où les risques sont plus grands pour la santé. » Historiquement, les femmes ont commencé à vraiment fumer dans les années 1970. Les autres générations ont suivi le rythme.

    Si l’on considère les deux sexes, on s’aperçoit que le tabac est l’un des principaux facteurs de mortalité chez les 35-69 ans (1 homme mort sur 3 dans cette tranche d’âge contre 1 femme sur 7). Le cancer, du poumon en particulier, est la maladie la plus commune chez les fumeurs. Il est à l’origine de 47 000 des 78 000 décès recensés. Les pathologies cardio-vasculaires et respiratoires sont les deux autres grands risques liés à la cigarette. Toutefois, certains signes positifs sont également à souligner. Oui, les femmes meurent plus à cause de la cigarette, mais il faut aussi noter une certaine baisse de la consommation de tabac chez les femmes âgées de 20 à 34 ans.

    Mise en place de nouveaux moyens de lutte

    L’étude affirme que les campagnes anti-tabac n’ont finalement qu’un impact assez modéré. Si le message semble fonctionner chez les hommes, ce n’est pas du tout le cas chez les femmes. Si la courbe du tabagisme féminin évolue comme celle des hommes par le passé, il faudra encore patienter quelques décennies pour voir les chiffres baisser.

    En France, le tabagisme actif et passif sont des sujets qui déchaînent les passions. En avril dernier, un plan anti-tabac a été adopté en première lecture par l’Assemblée Nationale. Il prévoit la mise en place dès 2016 de paquets neutres, sans couleurs ni marques ainsi qu’une hausse progressive du prix du tabac. L’objectif est de réduire drastiquement le tabagisme chez les plus jeunes. D’autant plus que récemment, il a été prouvé que les mineurs achetaient en grande majorité leurs cigarettes chez les buralistes, alors qu’en principe, cela est illégal…

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