Facteur de transcription IRF5
Obésité : une piste génétique pour lutter contre l’inflammation chronique
Il serait possible de protéger les obèses des maladies métaboliques en inhibant un gène. Le facteur de transcription IRF5 promeut l’inflammation et la résistance à l’insuline.
Bientôt une thérapie génique contre les maladies associées à l’obésité ? Une équipe de l’Institut de cardiométabolisme et nutrition (ICAN, Paris) a mis en évidence le rôle d’un gène dans l’apparition de l'inflammation chronique et des troubles métaboliques chez les personnes obèses. Désactiver l’expression de ce gène représente une nouvelle cible thérapeutique, expliquent les scientifiques dans la revue Nature Medicine.
Plus d’inflammation
L’obésité peut être séparée en deux types : l’obésité abdominale (ou androïde) et l’obésité gynoïde, dans laquelle l’excès de graisse se stocke dans le tissu adipeux sous-cutané, plutôt dans le bas du corps. La première est associée à de nombreuses comorbidités, parmi lesquelles le diabète ou un excès de cholestérol.
En comparant des personnes obèses et de poids normal, les chercheurs de l’ICAN ont découvert que l’expression de certains gènes diffère selon la localisation des graisses. C’est le cas du facteur de transcription IRF5. Dans le cas d’une obésité abdominale, il active des macrophages sur un mode pro-inflammatoire. Chez un individu de poids normal, ou dans une obésité gynoïde, ces cellules sécrètent des anti-inflammatoires. On trouve également plus de molécules inflammatoires chez les individus obèses et diabétiques que les autres.
Inhiber l’expression du gène
En fait, l’expression du gène IRF5 est plus développée dans les graisses abdominales que sous-cutanées. Un résultat d’autant plus important que ce facteur a déjà été associé à diverses maladies inflammatoires et auto-immunes.
En plus d’expliquer pourquoi certains obèses restent en bonne santé, ces résultats ouvrent la voie d’une nouvelle piste thérapeutique. Des souris ont été modifiées génétiquement pour ne plus posséder le gène IRF5. Ces animaux accumulaient des macrophages sécrétant des molécules anti-inflammatoires et toléraient mieux l’insuline. Mais surtout, le tissu adipeux sous-cutané était plus développé. Cela suggère que le stockage des graisses est détourné pour protéger les animaux des maladies métaboliques. Si des médicaments ayant le même mécanisme étaient développés, il serait donc possible de protéger les obèses des comorbidités.