Maladie génétique rare
La thérapie génique contre le syndrome de Wiskott-Aldrich
Des enfants souffrant du syndrome de Wiskott-Aldrich ont vu leur état de santé s’améliorer grâce à une thérapie génique, développée en France.
Un espoir dans la lutte contre les maladies rares. Un essai de thérapie génique, mené en France et en Grande-Bretagne, entre 2011 et 2014, a permis à sept enfants de voir leur état de santé s’améliorer de façon très nette. Les premiers résultats de ces travaux toujours en cours et publiés dans la revue JAMA mardi 21 avril, semblent prometteurs.
Les chercheurs de l’AP-HP/INSERM, de l’hôpital Necker, du laboratoire Généthon, de l’université et de l’hôpital Great Ormond Street de Londres ont réussi à démontrer l’efficacité d’une thérapie génique dans le rétablissement du système immunitaire des enfants traités. Leur état de santé général s’est lui aussi amélioré, de manière significative, pour six d’entre eux.
Une prévalence estimée à 1/250 000
Le syndrome de Wiskott-Aldrich est un déficit immunitaire complexe rare et sévère. D’origine génétique, puisque lié au chromosome X, il touche 1 personne sur 250 000. Cette pathologie est due à des mutations sur les gènes qui codent la protéine WAS dans les cellules hématopoïétiques (responsables de la production de cellules sanguines).
Touchant principalement les garçons, cette maladie provoque des hémorragies, des infections graves et à répétion, de l’eczéma sévère et parfois même des cancers. Jusqu’à aujourd’hui, le seul traitement disponible est la greffe de moelle osseuse avec un donneur compatible.
Un espoir contre la maladie
Cette étude, financée par l’AFM-Téléthon et menée à Paris et Londres, a été réalisée sur des malades, âgés de 8 mois à 16 ans, sans donneur compatible et sévèrement atteints.
Le traitement consistait à prélever chez les malades des cellules souches sanguines porteuses de l’anomalie génétique, puis à les corriger au laboratoire Généthon en introduisant le gène WAS sain grâce à un vecteur viral.
Les cellules corrigées ont ensuite été réinjectées aux malades, préalablement traités par chimiothérapie afin d’éliminer leurs cellules souches malades ainsi que les cellules auto-immunes et faire la place aux nouvelles cellules modifiées. Après réinjection, leur corps s'est mis à fabriquer la protéine manquante.
Résultats : l’eczéma sévère et les infections graves ont disparu chez tous les enfants. L’un des jeunes patients a même vu son arthrite disparaître. Un autre, qui devait se déplacer en fauteuil roulant à cause d’une vascularite de ses membres inférieurs (attaque des vaisseaux sanguins) a pu retrouver une activité physique normale.
Anne Galy, directrice de recherche INSERM qui a mené l’étude au laboratoire Généthon et interrogée par France Info, rappelle que ce sont « des thérapies expérimentales » et que les enfants « vont être suivis pendant encore de nombreuses années ».
Marina Cavazzana et Salima Hacein-Bey-Abina, de l'hôpital Necker, estiment pour leur part que « les résultats obtenus constituent une avancée thérapeutique importante car ils concernent une pathologie complexe qui affecte la quasi-totalité des cellules sanguines avec des conséquences cliniques dramatiques. L’efficacité du traitement indique qu’il est désormais légitime d’espérer traiter d’autres maladies génétiques complexes ».