VIH, paludisme, tuberculose...

Maladies infectieuses : les faux médicaments menacent des décennies de progrès

D’après une étude américaine, les faux médicaments ou ceux de mauvaise qualité compromettent des décennies de progrès contre le sida, le paludisme ou la tuberculose.

  • JAUBERT/SIPA
  • 21 Avr 2015
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    Les faux médicaments comme ceux de mauvaise qualité (insuffisamment ou trop dosés) nous envahissent ! C'est le constat publié ce lundi 20 avril par des chercheurs américains dans l'American Journal of Tropical Medicine and Hygiene. Dans le collimateur des scientifiques figurent des antipaludéens, antituberculeux, antibiotiques ainsi que des traitements contre la leishmaniose.

     

    41 % des produits en dehors des normes

    Pour arriver à cette conclusion, ces scientifiques s'appuient sur les données analysées dans les 17 études publiées ce lundi dans le numéro spécial de l'Américan Journal of Tropical Medicine and Hygiene, évaluant la qualité de médicaments utilisés contre les maladies infectieuses ou tropicales. Résultat, jusqu'à 41 % des quelques 17 000 échantillons de médicaments testés ne correspondaient pas aux normes de qualité requises.
    L'une des études évoque notamment la découverte d'un faux médicament anti-paludéen et d'un autre de piètre qualité contre cette maladie.
    A eux deux, ils auraient provoqué 122 350 décès d'enfants africains de moins de 5 ans en 2013. Soit 4 % des causes de décès pour cette tranche d’âge. D'autres travaux ont dévoilé des antibiotiques de mauvaise qualité qui pourraient être nocifs et accroître la résistance microbienne.

     

    Des décennies de progrès remis en cause ?

    Conclusion des experts, ces faux médicaments ou ceux de mauvaise qualité sont une menace grave qui pourrait compromettre des décennies de progrès contre le VIH, le paludisme ou la tuberculose dans le monde. Plusieurs de ces études préconisent donc la mise en œuvre de politiques nationales plus strictes contre ce phénomène qui prend des allures de pandémie. Les auteurs évoquent ainsi « une menace réelle et urgente ».
    Gaurvika Nayyar (université Johns Hopkins, Baltimore), Joel Breman (National Institutes of Health, Bethesda) et James Herrington (université de Caroline du Nord, Chapel Hill) relatent ainsi le nombre croissant de signalements par les Etats, d’infractions dans les chaînes de production de médicaments, et la multiplication par deux tous les cinq ans du nombre d’articles scientifiques sur les faux médicaments.
    « Aujourd'hui, le marché global des médicaments rend difficile de discerner les productions nationales et étrangères, ce qui montre le besoin d'un mécanisme mondial de contrôle de qualité des produits pharmaceutiques pour empêcher des malades d'être traités avec des médicaments falsifiés », explique l'ancienne directrice de la Food and Drug Administration (FDA), l'agence américaine des médicaments, la Dr Margaret Hamburg.

     

    Les méthodes pour lutter

    Pire encore, le phénomène « est répandu et sous-estimé, surtout dans les pays pauvres et à revenus intermédiaires où les systèmes de réglementation sont faibles ou inexistants », précise Jim Herrington, directeur de la faculté de santé publique de l'Université de Caroline du Nord.
    Un gâchis lorsqu’on sait que de nouvelles technologies permettant de tester la qualité des médicaments commencent à voir le jour et des scientifiques font part de résultats encourageants dans quatre des 17 études publiées lundi.
    Ils citent par exemple des tests sur de simples cartes en papier qui se sont montrés efficaces et bon marché comme méthode portable pour détecter les médicaments de très basse qualité contre le paludisme. Mais aussi des méthodes plus sophistiquées utilisant des techniques de fluorescence et de luminescence qui peuvent déterminer la composition d'un médicament avec une plus grande précision.

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