Journée mondiale
Troubles bipolaires : accélérer le diagnostic
Des épisodes d’excitation intense ou de dépression, entrecoupés de phases normales, c’est le principal signe d’un trouble bipolaire. Cette maladie touche 1 personne sur 20, mais reste méconnue.
- Photos de l'exposition "Les deux visage du trouble bipolaire" (Liz Obert/REX/REX/SIPA)
Dix ans d’attente avant un diagnostic, et au moins 4 médecins différents pour le poser. Les troubles bipolaires sont fréquents mais encore mal connus. Ce 30 mars se tient la première Journée mondiale des troubles bipolaires, le jour de l’anniversaire de Vincent Van Gogh, supposé bipolaire.
A cette occasion, Pourquoidocteur fait le point sur cette maladie psychiatrique plus connue comme le « trouble maniaco-dépressif. »
Des épisodes de dépression
Une personne sur vingt est atteinte de troubles bipolaires. Un million et demi de Français seraient touchés par cette maladie. Elle se caractérise par « l’alternance de périodes de dépression majeure, associées à des périodes d’excitation pathologique, séparées par des intervalles libres. Cela veut dire qu’entre les épisodes, qui durent de quelques semaines à quelques mois, les patients restent sans symptôme invalidant », explique le Pr Frank Bellivier, chef du département de psychiatrie et de médecine addictologue au Groupe Hospitalier Saint-Louis-Lariboisière-Fernand-Widal (Paris).
Regardez les témoignages de patients bipolaires :
Médicaments et psychothérapies
Les fluctuations de l’humeur ont un impact profond sur le bien-être des patients. Le trouble bipolaire est la 6e cause de handicap dans le monde, et un malade sur 4 fait une tentative de suicide. Il est donc important de les prendre en charge très tôt.
Ecoutez le Pr Frank Bellivier, responsable du Centre Expert FondaMental « troubles bipolaires » : « La prise en charge nécessite l’association d’un traitement médicamenteux avec une ou plusieurs psychothérapies. »
Mais les traitements ne sont pas efficaces de manière systématique. « Aujourd’hui, on ne sait pas bien prédire quel va être le bon traitement pour un patient, en termes d’efficacité et de tolérance », regrette le Pr Bellivier. Mieux évaluer la réponse aux médicaments et aux thérapies est donc un axe majeur de progression. C’est d’autant plus crucial que l’efficacité du traitement permet d’éviter les rechutes, ce qui améliore le pronostic du patient.
Des prédispositions génétiques
Le trouble bipolaire est fréquent mais encore mal connu, du grand public comme des médecins. En moyenne, il faut 10 ans avant qu’un premier diagnostic ne soit posé. « Beaucoup de progrès ont été réalisés dans le repérage de cette maladie », reconnaît le Pr Bellivier. « Le retard diagnostique est un sujet de préoccupation qui mobilise beaucoup la communauté des médecins et des associations de patients. » Cette mobilisation a notamment permis la création de centres experts par la Fondation FondaMental.
Ecoutez le Pr Frank Bellivier : « Dans cette errance diagnostique, les premiers épisodes ne sont pas repérés comme ceux d’un trouble bipolaire parce qu’ils ne sont pas spécifiques. »
Autre zone d’ombre des troubles bipolaires : leur grande variété. De nombreux troubles leur sont associés, comme les addictions, les troubles anxieux ou encore une mauvaise santé physique. Sans compter que les causes de la maladie sont encore mal identifiées. « C’est une maladie multifactorielle complexe, avec des facteurs de terrain, notamment de prédisposition génétique. J'insiste sur le fait que ce n'est pas une maladie génétique, ce sont des facteurs de prédiposition. Ils interagissent avec des facteurs liés au développement - notamment des stress pendant l'enfance - et des facteurs environnementaux », détaille le Pr Bellivier. « Le premier signal que l'on a de l'intervention d'un terrain génétique, c'est le fait qu'il y ait des récurrences au sein d'une même famille. Le risque chez les apparentés de premier degré est un peu augmenté par rapport à la population générale. »