Marisol Touraine favorabe
Le don du sang devrait être ouvert aux homosexuels
Les associations militent pour que l’interdiction du don du sang aux homosexuels soit levée. Un amendement dans ce sens est examiné à l’Assemblée nationale.
Le don du sang des homosexuels et bisexuels est débattu au Parlement. La Commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale examine un amendement au Projet de loi de santé qui propose la levée de l’interdiction. En ouverture de cet examen, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé que le questionnaire préalable au don serait modifié dans ce sens.
La question de l’égalité
L’interdiction aux homosexuels et bisexuels de donner leur sang est un sujet qui fait débat. En 2009, un arrêté prive formellement les HSH (1) de ce droit. L’Etablissement français du sang (EFS) soutient cela à l’aide d’arguments chiffrés. Le VIH reste indétectable pendant 12 jours, et le risque de transmission est 200 fois plus élevé chez les HSH que dans la population hétérosexuelle. Une étude de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) va dans le même sens : la moitié des 31 donneurs dépistés positifs entre 2006 et 2008 avaient eu des rapports avec d’autres hommes. Des arguments d’ailleurs soutenus par l’association AIDES, pour qui « le don du sang n’est pas fait pour démontrer l’égalité des droits. »
Mais toutes les associations de défense de droits des homosexuels ne sont pas du même avis. Pourquoi Sang Priver et Homodonneur militent ainsi pour une égalité face au don du sang. Il faut dire que les enjeux sont importants : selon une récente étude, la levée de l’interdiction pourrait sauver un million de vies dans le monde.
Les politiques dans le flou
Sur le terrain politique, la situation est plus délicate. Le député PS Olivier Véran, auteur d’un rapport sur la filière sang, a pris position pour une levée de l’interdiction aux homosexuels de donner leur sang. Avis partagé par la Cour de Justice Européenne, qui a jugé qu’il s’agissait d’« une évidente discrimination. »
En 2012, Marisol Touraine s’est déclarée favorable à l’autorisation du don du sang aux homosexuels. Puis elle a rétropédalé sur la radio RMC, en décembre de la même année. « Je ne peux lever l’interdiction qui existe que si on me donne une garantie absolue que cela n’apportera pas davantage de risques pour ceux qui seront transfusés », a-t-elle déclaré. « Aujourd’hui, je ne peux pas lever cette interdiction. » Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), saisi de cette question, devrait prochainement rendre ses conclusions.
En cas de levée, restera la question de la limite entre un rapport à risque et le don. Le Japon et le Royaume-Uni ont opté pour un délai drastique : un an d’abstinence. Condition hypocrite pour de nombreuses associations.
(1) Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes