Périnatalité
Prématurés : la turbulette est source de stress
Les bébés nés avant terme emmaillotés dans une gigoteuse seraient plus stressés que les bébés vêtus d'un simple body, selon une étude française.
Body ou gigoteuse ? Une question à ne pas prendre à la légère car les vêtements des prématurés ont un impact sur leur comportement et leur niveau de stress, selon une étude française publiée ce mardi.
Une équipe de chercheurs du laboratoire d’éthologie animale et humaine (CNRS/Université de Rennes 1), en collaboration avec un pédiatre néonatologiste du CHRU de Brest, ont observé que les bébés enveloppés dans une turbulette sont moins actifs et touchent moins fréquemment leurs corps que les nouveau-nés en body.
D’après les auteurs, les turbulettes entraveraient les mouvements des bébes, « et de ce fait, les gestes d’auto-contact, réconfortants, sont chez eux plus rares ». Ils seraient alors plus stressés que les autres.
Emmaillotage
A la naissance, un bébé né avant terme ne sait pas réguler sa température corporelle. Il faut donc l’installer dans un milieu qui le préserve du froid. C’est le rôle de la couveuse, aussi appelée incubateur. Il existe deux types de modèle : fermé ou ouvert, surmonté d’une lampe radiante pour la chaleur, dans lequell’enfant porte un simple body. Lorsqu’il commence à pouvoir réguler seul sa température, la lampe est éteinte et on habille l'enfant d’un pyjama, d’un gilet et on l'emmaillote dans une gigoteuse.
Pour évaluer l’impact des vêtements sur les bébés nés avant terme (38 semaines de grossesse), les scientifiques ont suivi 18 prématurés âgés de 34 à 37 semaines. Pendant plusieurs heures réparties sur 2 à 4 jours, les enfants étaient filmés. Parmi eux, 9 étaient dans une couveuse ouverte avec une lampe chauffante alors que l’autre moitié portait l’ensemble pyjama, gilet et turbulette.
Stress et insécurité
En visionnant les vidéos, les chercheurs ont noté une grande différence entre les deux groupes. Les bébés en body avaient « plus souvent les bras pliés et leurs mains étaient plus souvent en contact avec leur environnement ou leur tête (seule partie accessible) », indiquent les auteurs. Alors qu’au contraire, les bébés en turbulette avaient les bras tendus et les mains fermées, et ne touchaient rien. « Lever les bras avec cet ensemble vestimentaire semblait demander des efforts physiques trop importants à ces bébés pesant moins de 2 kg », expliquent-ils.
Une entrave qui n’est pas sans conséquences pour ces enfants nés avant terme, en particulier durant l’hospitalisation. En effet, « sans contacts tactiles fréquents avec un parent, l’auto-contact pourrait même être un mode de compensation crucial », affirment les chercheurs. En imposant une contrainte physique à l’enfant, la turbulette augmente son stress et lui « confère un sentiment d’impuissance ».
Outre cet effet immédiat, les chercheurs veulent maintenant savoir si le développement moteur et émotionnel de ces bébés est impacté sur un plus long terme.