Dispositif médical
Prothèses mammaires : les femmes doivent-elles s'inquiéter ?
Le lymphome anaplasique à grande cellule lié aux implants mammaires est le premier cancer associé à un dispositif médical. En France, 18 femmes ont développé ce nouveau cancer.
En France, 400 000 femmes portent actuellement des prothèses mammaires. Parmi elles, 83 % se sont fait opérer pour des raisons esthétiques et pour 17 %, il s’agit d’une opération de chirurgie reconstructrice après cancer.
Les prothèses mammaires sont des dispositifs à risques. Elles font l’objet d’une surveillance renforcée, en particulier depuis le scandale des prothèses PIP. C’est dans le cadre de ce suivi qu’un nouveau cancer, le lymphome anaplasique à grande cellule associé directement aux implants mammaires (LAGC-AIM), a été identifié chez 18 femmes, dont une est décédée. Ce n'est pas un cancer du sein mais un type très rare de lymphome non hodgkinien. Il surviendrait en moyenne entre 11 à 15 ans après la pose du premier implant. C'est dans ce contexte que le ministère de la Santé a organisé ce mardi une conférence de presse pour, à la fois, rassurer les femmes porteuses d'un implant, mais aussi pour livrer aux médecins quelques recommandations de surveillance. Pas de panique donc, mais Pourquoidocteur vous livre des éléments d'information laissant à penser que cette affaire ne fait que débuter.
Les questions sans réponse
C’est la première fois que l’apparition d’un cancer est liée à un dispositif médical. Une corrélation claire entre les prothèses mammaires et cette pathologie a été mise en évidence. « Ces lymphomes, très rares, ne sont observés que chez les femmes porteuses d’implants mammaires », affirme le ministère de la Santé.
Depuis 2011 en France, le LAGC-AIM a été identifié chez 18 femme dont 9 cas en un an. Dans le monde, 173 femmes seraient concernées par ce cancer.
Parmi les 18 femmes, 10 avaient subi une reconstruction mammaire à la suite à un cancer du sein. A ce stade, il est impossible de dire si ce nouveau cancer est une récidive ou s’il est lié à une quelconque prédisposition.
Dans les 18 cas, il s’agit de prothèses texturées. Un type extrêmement répandu puisque près de 90 % des prothèses implantées en France sont de ce type. Les autorités indiquent toutefois que les prothèses lisses ne peuvent pas être écartées.
14 femmes portent des prothèses produites par l’entreprise Allergan. Une proportion « étonnante », selon François Hébert, le directeur général adjoint de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui souligne qu’ Allergan possède 30 % de part de marché. Cependant, les autorités indiquent que les inspections menées sur ces prothèses n’ont rien donné.
Bien qu’« aucune prothèse spécifique, marque ou enveloppe particulière n’ait été, jusqu’à présent, directement mise en cause », l’ANSM ne nie pas une éventuelle interdiction. « S’il faut prendre des mesures, si on doit les interdire, nous le ferons », affirme François Hébert, au Parisien / Aujourd’hui en France. Fin mars, l'ANSM devrait annoncer sa décision. Une mesure confirmée par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, ce matin.
Ecoutez Marisol Touraine, ministre de la Santé : « Ce qu'a dit le directeur général adjoint de l'ANSM est : si on identifie le type particulier de prothèse qui serait en cause, elle serait retirée du marché. »
Les éléments qui rassurent
« Compte tenu de la difficulté à déterminer le nombre de femmes porteuses d’implants mammaires, et de la sous-notification potentielle des cas de LAGC-AIM, l’estimation de son risque ne peut être que très approximative », explique l’Institut national du cancer. Les experts estiment qu’une à deux femmes pour 10 000 porteuses d’implants mammaires pendant 10 ans présenterait un LAGC-AIM.
Pour le moment, le LAGC-AIM est le seul lymphome lié aux implants mammaires. Ainsi, si vous êtes porteuse de prothèse et que vous avez un lymphome, cela ne signifie pas que votre pathologie est forcément liée à vos implants. « Les données actuellement disponibles montrent que les femmes porteuses d'implants mammaires n'ont pas de risque accru de développer un cancer du sein par rapport aux femmes qui n'ont pas d'implant », affirme l’ANSM.
Les experts ne recommandent pas aux femmes porteuses de prothèses mammaires une explantation à visée préventive. Ils rappellent tout de même les symptômes qui peuvent alerter : épanchement, augmentation de volume ou apparition d’une grosse masse, douleur, inflammation ou ulcération. En cas d'apparition de ces signes cliniques, consultez votre médecin. Ils soulignent également la nécessité d’un examen annuel à partir de 25 ans.
Tous les médecins ont reçu le 10 mars un courrier de recommandations. Ils sont tenus de tenir au courant les patientes porteuses d'une prothèses ainsi que les femmes désireuses de se faire poser un implant de ce nouveau risque.
Ecoutez Agnès Buzyn, présidente de l'Institut national du cancer : « Souvent, le fait de retirer l'implant permet à la maladie de régresser sans traitement . »