Depression post-natale
Le « baby-blues » des papas
Mal connue, la dépression paternelle à la naissance d’un enfant est loin d’être anodine. Elle a un impact sur le développement de l’enfant semblable à la dépression chez les mères, selon une étude américaine.
Alors que de nombreuses études se sont penchées sur la dépression post-natale chez les mères, les pères et leur mal être semblent être oubliés. Pourtant, les papas aussi peuvent avoir le « baby blues », cette phase difficile où la joie et le bonheur qu’apporte une naissance sont chassés par une période de tristesse et de doute.
Dans certains cas, cette phase éphémère peut devenir durable et avoir d’importantes conséquences sur le développement de l’enfant. Une nouvelle étude, conduite par la Northwestern University à Chicago, révèle que la dépression des pères – comme celle des mères - durant les premières années de vie de leurs enfants entraine le développement de comportement troublant comme frapper, mentir, des sentiments d’anxiété et de tristesse.
Les chercheurs ont demandé à environ 200 couples ayant des enfants âgés de 3 ans de répondre indépendamment à un auto-questionnaire portant sur la dépression post-partum, leur vie de couple et le comportement de leurs enfants. Ces couples avaient déjà participé à une étude sur la dépression au moment de la naissance de leurs enfants. Les résultats de l’étude démontrent que les émotions du père et celles de la mère ont des effets semblables sur les enfants.
De 0 à 3 ans : un âge crucial
« Quand un parent est déprimée, ce n’est pas juste son humeur qui va être touchée mais tout son comportement, son attitude et son vécu », explique Jaqueline Wendland, psychologue et responsable de l'équipe "Périnatalité, petite enfance, parantalité" au laboratoire psychopathologies et processus de santé" à l'Université Paris Descartes, « la manière de parler, la manière de regarder, de toucher l’enfant, de s’occuper de cet enfant va être modifiée ». Or, l’absence de contact visuel ou de sourire pendant les trois premières années de vie a des conséquences néfastes sur l’enfant. Il va se sentir en insécurité, ressentir un manque d’attachement ce qui peut entraver son développement comportemental et cognitif.
Ecoutez Jaqueline Wendland, psychologue et responsable de l'équipe "Périnatalité, petite enfance, parantalité" au laboratoire psychopathologies et processus de santé" à l'Université Paris Descartes: « C'est un âge sensible, c'est une période qu'on dit vraiment crucial pour le développement. C'est le moment où l'enfant va faire ses premières expériences. » Redéfinir la place du père Dans nos sociétés actuelles, l’homme a généralement du mal a demandé de l’aide en particulier quand il devient père et qu’il a une responsabilité supplémentaire. Par ailleurs, certains ne trouvent pas leur place dans la parentalité construite autour d’une relation, presque exclusive, de mère-enfant. « Il faut voir la place réduite des pères en maternité. Excepté pour les échographies et la préparation à la naissance, la présence du père n’est pas essentielle. S’il est là très bien sinon personne ne va le chercher », explique la psychologue. Ecoutez Jaqueline Wendland : « Les pères on attend d'eux qu'il montre une certaine solidité, il faut qu'ils soit présents, qu'ils soient soutenants et qu'ils ne parlent pas trop de leus maux. »
Des études précédentes ont également montré que la dépression paternelle post-natale avait montré des conséquences sur le long terme pour les enfants : déficit de l’attention, hyperactivité ou anxiété.
Malgré ces travaux et la reconnaissance de la dépression paternelle, la souffrance des pères semblent être ignorée… d’abord par eux mêmes. « La plupart du temps on a accès aux pères à travers la mère. C’est quand elle vient consulté pour elle ou son enfant et que le père l’accompagne qu’il découvre que lui aussi a le droit à une aide, à un accompagnement psychologique et qu’il peut verbaliser sa difficulté dans la parentalité », explique Jaqueline Wendland.
« L’intervention précoce pour les mères et les pères est la clé. Si nous pouvons identifier les parents en début de dépression et les aider, alors leurs enfants ne seront pas affecté par la dépression de leurs parents », estime l’auteur principale de l’étude, Sheehan Fisher.
Un avis partagé par la Jaqueline Wendland : « Il faut que les parents puissent s’appuyer sur des professionnels, être accompagnés dans des lieux dédiés au soutien à la parentalité parce que l’on ne peut pas être un bon parent si on est isolé, si on est en difficulté ou déprimés »