Syndrome des jambes sans repos
Accro au jeu à cause d’un traitement, elle poursuit son neurologue
Le médicament a traité le syndrome des jambes sans repos, mais causé une addiction au jeu. Après avoir accumulé les dettes, Brigitte poursuit son neurologue pour manque d’information.
184 000 euros de dettes et deux tentatives de suicide. Lorsqu’elle a commencé son traitement du syndrome des jambes sans repos, Brigitte Morue ne s’attendait certainement pas à devenir accro au jeu. Selon elle, son neurologue ne l’a pas avertie de cet effet indésirable courant. Ce 10 mars, deux patientes poursuivent le spécialiste devant le Tribunal de Grande Instance de Rouen (Eure).
250 000 euros de réparation
Le traitement mis en cause par les deux patientes est le Sifrol (Pramipexole dichlorhydrate), indiqué dans le syndrome des jambes sans repos. L’autorisation de mise sur le marché dont dispose ce dopaminergique limite la dose maximale à 0,54 mg par jour. Mais le neurologue que consultaient Brigitte et l’autre plaignante en 2008 leur a prescrit une dose quotidienne de 0,70 mg. La notice mentionne bien de possibles troubles du comportement induits par le médicament, mais le spécialiste n’aborde pas le sujet avec les deux femmes.
Pour Brigitte, le cercle vicieux se met en place. Elle joue dans les casinos, vole de l’argent à sa famille, son employeur… Les dettes s’accumulent pour atteindre 184 000 euros. En 2011, la rouennaise fait deux tentatives de suicide. Le neurologue finit par interrompre le traitement. Aujourd’hui, il est poursuivi pour avoir dépassé la dose autorisée. Brigitte réclame 250 000 euros de dommages et intérêts. Le jugement a été mis en délibéré en mai prochain.
Regardez le reportage de France 3 Haute-Normandie :
Le Sifrol n’est pas le seul traitement à favoriser une addiction au jeu. C’est l’action dopaminergique du médicament qui entraîne cet effet indésirable, aux côtés d’autres troubles du comportement (achats compulsifs, alimentation compulsive, hypersexualité). Les traitements antiparkinsoniens sont également concernés, une méta-analyse parue en octobre dernier dans le JAMA Internal Medicine l’a confirmé.
Parmi eux, le Requip a fait parler de lui en 2011. Il a rendu un patient nantais accro au jeu… et au sexe. L’homme développe une sexualité débridée et s’exhibe sur Internet. Mais la notice ne fait pas état d’un tel effet secondaire. Après plusieurs tentatives de suicide, il intente un procès contre le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK), qu’il gagne.