Système immunitaire cérébral

Dépression : la piste de l'inflammation cérébrale se confirme

Les patients dépressifs présentent une inflammation cérébrale. C’est le résultat d’une petite étude canadienne. En cause : l’activation du système immunitaire du cerveau, la microglie.

  • Par Audrey Vaugrente
  • SINTESI/SIPA
  • 09 Mar 2015
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    La dépression est associée à une inflammation du cerveau. Si la piste n’est pas nouvelle, la façon de le démontrer l’est. Des chercheurs du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) à Toronto (Canada) ont mesuré pour la première fois le niveau d’inflammation directement dans le cerveau grâce au PET scan. Ils décrivent leurs résultats dans l’édition de mars du JAMA Psychiatry.

    Plus d’inflammation dans le cortex

    L’équipe du Dr Jeffrey Meyer, principal auteur de l’étude, a recruté 20 patients souffrant de dépression et 20 sujets en bonne santé mentale. Tous ont passé des scanners. Les chercheurs ont ensuite analysé les clichés à la recherche d’un marqueur particulier : les protéines de translocation (TSPO VT), qui sont produites en quantité lorsque le système immunitaire du cerveau (la microglie) est activée.

    Les chercheurs ont mis en évidence une inflammation accrue de 30 % dans trois zones du cerveau (cortex préfrontal, cortex cingulaire antérieur, insula) chez les personnes souffrant de dépression. Les formes les plus sévères sont associées à une plus forte présence des protéines de translocation. « Ces résultats fournissent la preuve la plus solide à ce jour de l’inflammation du cerveau pendant un épisode de dépression », se réjouit le Dr Jeffrey Meyer. Selon le chercheur, une nouvelle cible thérapeutique se dessine : un traitement qui inverserait le mécanisme immunitaire du cerveau, ou qui le mettrait à profit pour booster le processus de réparation et ainsi réduire les symptômes.

    30 % de dépressions résistantes

    « La dépression est une maladie complexe, et nous savons qu’il faut plus qu’un changement biologique pour aider quelqu’un qui en souffre », reconnaît Jeffrey Meyer. « Mais nous pensons que l’inflammation du cerveau est un de ces changements, et c’est un grand pas en avant. »

    La piste inflammatoire est désormais bien identifiée en psychiatrie. Elle suscite d’autant plus d’espoir que 3 patients dépressifs sur 10 sont résistants aux traitements actuels. Une nouvelle classe de médicaments, ciblant l’inflammation, est donc très attendue. Une méta-analyse parue dans le JAMA Psychiatry en octobre dernier a d’ailleurs observé un lien entre la prescription d’anti-inflammatoires et une réduction des symptômes dépressifs.

    Reste maintenant à identifier l’origine de cette inflammation. Un chercheur américain a avancé une hypothèse qui reste à démontrer : la dépression serait une maladie infectieuse, écrivait-il récemment dans la revue Biology of Mood and Anxiety Disorders. Il y décrivait notamment les symptômes typiques d’une maladie infectieuse : perte d’énergie, difficultés à sortir du lit, perte d’intérêt.

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