Journée de la femme
Maladies cardiovasculaires : une femme sur deux en meurt
La moitié des femmes meurent de maladies cardiovasculaires et l'infarctus du myocarde fait de plus en plus de victimes parmi la gente féminine. Elles tardent pourtant souvent trop à consulter. A l’occasion de la Journée de la femme, Pourquoi Docteur fait le point.
Une femme sur deux meurt de maladie cardiovasculaire en Europe. Elles mettent aussi plus de temps que les hommes à contacter les urgences en cas d’infarctus, et souffrent donc davantage de séquelles. A l’occasion de la Journée de la femme, ce 8 mars, la Société européenne de cardiologie (ESC) et l'American College of Cardiology (ACC) rappellent que le beau sexe n’est pas épargné par les maladies cardiovasculaires.
Les dangers du tabac
51 % des décès féminins par maladie en Europe ont une origine cardiovasculaire. La mortalité masculine liée aux maladies cardiaques ou vasculaires, elle, est de 42 %, souligne l’ESC. Mais selon le Pr Nicolas Danchin, cardiologue à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou (Paris) contacté par Pourquoi Docteur, la réalité est plus nuancée : « Les femmes vivant plus longtemps que les hommes, elles meurent plus souvent du cœur », explique-t-il. « La mortalité cardiovasculaire à 60 ans est plus importante chez les hommes, mais c’est l’inverse en fin de vie. Il y a une énorme influence de l’âge : les femmes vont développer des complications plus tard, grâce à l’action protectrice des hormones jusqu’à la ménopause. »
Les oestrogènes retardent en effet les maladies cardiovasculaires. Mais cette protection possède un double tranchant : les femmes ont tendance à négliger davantage la prévention. Par exemple, le diabète augmente plus le risque de maladie chez la femme que chez l’homme.
Les femmes sont aussi plus exposées aux risques du tabagisme, car elles métabolisent la nicotine plus vite. Combinée à la contraception orale, la cigarette forme un cocktail détonnant pour les artères. « Il faut faire en sorte de baisser le tabagisme chez les femmes jeunes », martèle Nicolas Danchin. « C’est la seule population où les chiffres ne baissent pas, et on voit plus d’infarctus. Entre 2002 et 2005, le tabagisme a reculé de 2,5 % par an chez tout le monde, sauf chez les femmes de moins de 65 ans, chez lesquelles ça augmente un peu. »
Des symptômes différents
Une autre étude, présentée au Congrès annuel de l’American College of Cardiology et menée en Europe, s’intéresse aux différences hommes-femmes face à l’infarctus. La conclusion est claire : les femmes mettent plus de temps à contacter les urgences lorsqu’elles font un AVC. 70 % d’entre elles ont mis plus d’une heure à atteindre l’hôpital, contre 30 % des hommes. Les délais sont impressionnants : ils vont de 5 minutes à 3 jours ! « Les personnes jeunes appellent généralement plus tôt. Comme les femmes sont touchées à un âge plus avancé, elles appellent globalement plus tard », analyse Nicolas Danchin.
Le Dr Susanna Price, porte-parole de l’ESC, apporte un autre éclairage à ce retard dans la prise en charge : les femmes présentent des symptômes différents. « Au lieu d’avoir mal à la poitrine, les femme qui font un infarctus souffrent de nausées ou de vomissements, d’essoufflement, de douleurs à la mâchoire, de fatigue, de palpitations, de syncope ou font un arrêt cardiaque », détaille-t-elle dans un communiqué.
Conséquence de ces consultations tardives : les femmes souffrent davantage de séquelles que les hommes… alors que la prise en charge est d’aussi bonne qualité, quelque soit le sexe.
Globalement, les femmes atteintes de maladies cardiovasculaires sont plus âgées que les hommes. Mais les patientes jeunes (moins de 65 ans) sont de plus en plus nombreuses : « Les enquêtes françaises sur l’infarctus ont montré que la part de femmes jeunes a doublé entre 1995 et 2010 », déplore Nicolas Danchin. Or, ces patientes, passent souvent entre les mailles du filet. « Traditionnellement, on ne pense pas que les femmes peuvent avoir une maladie de type infarctus, et on peut passer à côté du diagnostic, particulièrement chez les femmes jeunes », conclut Nicolas Danchin.