Consommation de drogues
"Salle de shoot" : Alain Juppé prêt à l’accueillir à Bordeaux
La ville de Bordeaux veut expérimenter les « salles de shoot » pour les usagers de drogues. Le cadre légal de ces lieux de consommation sera fixé par la future loi de santé.
Alain Juppé confirme que Bordeaux accueillera l’une des futures salles de consommation à moindre risque (SCMR) aussi appelées « salles de shoot ». Une décision saluée par la Fédération Addiction. Ce dispositif pourrait également être déployé dans les villes volontaires, comme Paris et Marseille. Le lancement de cette expérimentation à l’échelle nationale dépend aujourd’hui de la loi de santé présentée très prochainement à l’Assemblée Nationale.
C’est à l’occasion « du renouvellement d’une convention pour la maintenance de deux appareils échangeurs récupérateurs de seringues que le conseil municipal de Bordeaux a confirmé sa volonté d’expérimenter une salle de consommation de drogues à moindre risque », nous apprend le site d’informations Rue89.
Bordeaux est historiquement l’une des premières villes volontaires, avec Paris, à s’engager dans cette expérimentation censée durer 6 ans. La décision d'Alain Juppé est cependant loin de faire l'unanimité puisque la conseillère municipale Front National Catherine Bouilhet, dénonce d'ores et déjà le projet.
Débat houleux
Le débat autour des salles de consommation de drogues agite le pays depuis plus de deux ans maintenant. La salle prévue dans la capitale près de la gare du Nord était au cœur des attentes des associations et devait être la première à ouvrir en 2014. Mais interdite par le Conseil d’Etat en 2013 qui exigeait l’adoption d’une loi, la salle est toujours attendue par ses défenseurs.
Dans son communiqué, la Fédération Addiction rappelle que les salles de shoot sont installées depuis maintenant 20 ans en Suisse et qu’il en existe plus de 90 dans le monde. En se basant sur des données suisses, l'association souligne l‘efficacité de ces lieux pour les toxicomanes précaires et fragiles : « Les décès par overdose ont été divisés par deux entre 1991 et 2009. Et sur cette même période, on observe un recul de 80 % de la mortalité due au sida chez les toxicomanes. »
Réduire les risques
Dans ces espaces, les usagers de stupéfiants présentant des vulnérabilités sociales seront accueillis par des professionnels de santé et du secteur médico-social. Aucun produit ne leur sera fourni ni aucune aide pour l’injection. L’équipe pluridisciplinaire sera là pour accompagner et conseiller les usagers afin de réduire les risques de transmissions de maladies. Ces salles doivent assurer une consommation de drogues sécurisée – seringues stérilisées par exemple - et réduire les troubles à l’ordre public.
Si la loi de santé est adoptée, les salles de consommation de drogues à moindre risque pourraient ouvrir en 2016.