Action sur une hormone de la grossesse

Les phtalates perturbent le développement génital du foetus

Les phtalates, présents dans les plastiques, nuisent à la santé des fœtus. Selon une étude, ils perturbent une hormone de la grossesse impliquée dans la formation des organes génitaux.

  • Par Julie Levallois
  • NICOLAS MESSYASZ/SIPA
  • 05 Mar 2015
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    L’exposition précoce aux phtalates nuit au développement des organes génitaux masculins. Ces produits chimiques présents dans les plastiques, emballages alimentaires et produits cosmétiques, perturbent une hormone clé de la grossesse. Selon une étude présentée au Congrès annuel de l’Endocrine Society, qui se tient à San Diego (Californie, Etats-Unis) du 5 au 8 mars, cette perturbation hormonale affecte le développement génital du fœtus, voire même la fertilité à venir.

    Une influence sur l’hormone de la grossesse

    Les auteurs de cette étude se sont appuyés sur des travaux menés par l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai (New York, Etats-Unis), auprès de 350 femmes enceintes et leurs bébés. Ils concluent que les phtalates perturbent l’action de l’hormone chorionique gonadotrope humaine (hCG), une hormone clé de la grossesse.
    En effet, elle est produite par le placenta et permet le développement des organes génitaux du fœtus. Elle peut également être mesurée dans les urines et le sang de la femme enceinte.

    Lorsque les phtalates sont digérés par l’organisme, deux molécules sont produites (mono-n-butyl phtalate, monobenzyl phtalate). Lorsqu’elles sont présentes aux premiers stades de la grossesse, elles sont associées à de faibles niveaux de hCG chez les femmes enceintes de garçons, et de hauts niveaux chez les femmes enceintes de filles.

    Un test sanguin

    Les travaux présentés à l’ENDO 2015 ont étudié le lien entre le niveau d’hormone chorionique gonadotrope et un marqueur biologique important, la distance anogénitale. Il permet notamment de déterminer le risque de faible comptage de sperme et d’infertilité. Et justement, deux phtalates spécifiques (mono-n-butyl phtalate et mono-ethylhexyl phtalate) agissent sur la distance anogénitale dans le placenta.

    Selon l’auteur principal de cette étude, Jennifer Adibi, de tels résultats devraient pousser les médecins à mesurer les niveaux d’hCG dans les urines ou le sang des femmes enceintes. « Avec un simple échantillon, les médecins et les femmes enceintes pourraient agir pour réduire l’exposition et améliorer la santé du bébé à venir sur le long terme », estime cette chercheuse.

    L’enjeu est de taille. D’autres études ont associé l’exposition in utéro aux phtalates à un risque accru d’asthme. Des niveaux élevés affecteraient aussi le QI du bébé à naître. Quant aux futures mamans, elles sont plus à risque d’accouchement prématuré. Et si le Plan environnement de Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, prévoit de limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens, il ne cible ni la femme enceinte, ni les phtalates.

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