Rhumatologie

Lombalgie chronique : l’acupuncture aurait une efficacité culture-dépendante

L’acupuncture a été évaluée dans une étude randomisée versus fausse acupuncture (« sham »). L’efficacité sur la douleur est à la limite de la significativité mais elle serait significative sur le handicap. L’impact culturel semble majeur.

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  • 29 Oct 2020
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    La lombalgie chronique a un retentissement important au plan personnel et social (dépenses de santé). Elle est compliquée à traiter et les traitements ne sont pas toujours dénués d’effets secondaires. L'électroacupuncture a démontré une analgésie supérieure à l’acupuncture et au placebo dans des études précliniques, chez l’animal, mais elle n'a pas été évaluée rigoureusement sur les douleurs chroniques chez l'homme.

    Dans un essai clinique randomisé versus fausse acupuncture, sur 121 adultes souffrant de lombalgies chroniques, aucune différence significative n'a été constatée en faveur de l’électroacupuncture sur la réduction des scores de douleur deux semaines après le traitement (critère principal). L’étude est publiée dans le JAMA Network Open.

    Effet potentiel sur le critère secondaire

    Au total, 121 adultes ont été recrutés pour l'étude, parmi lesquels 59 ont été randomisés dans le groupe électroacupuncture réelle et 62 dans le groupe fausse électroacupuncture (« sham »). A l’inclusion, le score de la douleur (PROMIS) était de 50,49 (±3,36) dans le groupe électroacupuncture et de 51,71 (±4,70) dans le groupe fausse acupuncture, et les scores de douleur et handicap (RMDQ) moyen étaient respectivement de 10,16 (±4,76) et de 10,03 (±5,45).

    Après ajustement des scores sur la douleur à l’inclusion, il n'y a pas de différence statistiquement significative entre les groupes sur l'évolution des scores de la douleur (PROMIS) deux semaines après la fin du traitement par électroacupuncture : -4,33 ; IC à 95%, -6,36 à -2,30 vs fausse acupuncture : -2,90 ; IC à 95%, -4,85 à -0,95 ; différence : -2,09 ; IC à 95%, -4,27 à 0,09 ; p = 0,06).

    Après ajustement pour le RMDQ sur le score à l’inclusion, on constate une réduction significativement plus importante du RMDQ dans le groupe électroacupuncture réelle (-2,77 ; 95% IC, -4,11 à -1,43) par rapport au groupe fausse électroacupuncture (-0,67 ; 95% IC, -1,88 à 0,55 ; différence : -2,11 ; IC à 95%, -3,75 à -0,47 ; p = 0,01).

    Etude randomisée versus placebo

    Cet essai clinique randomisé, monocentrique (Stanford, Californie) et en double aveugle, a été mené sur des adultes souffrant depuis au moins 6 mois de lombalgies chroniques, avec une intensité de la douleur d'au moins 4 sur une échelle de 0 à 10, et ne souffrant pas de radiculopathie. L’intervention a consisté en douze séances d'électroacupuncture, réelle ou placebo (simulacre), administrées deux fois par semaine pendant 6 semaines.

    Le critère principal est le changement de l'intensité de la douleur par rapport au début du traitement à 2 semaines après la fin de celui-ci, mesurée par l'échelle d'intensité de la douleur PROMIS (des National Institutes of Health). Un critère secondaire est le changement de score sur le questionnaire Roland Morris sur le handicap (RMDQ).

    Importance des facteurs psychologiques et culturels

    Il s’agit de l'un des premiers essais cliniques randomisés à évaluer l'électroacupuncture dans le traitement des lombalgies chroniques. Il met en évidence un effet thérapeutique potentiel sur le handicap de la lombalgie chronique selon le score RMDQ, mais il faut se souvenir que cet effet est objectivé sur un critère secondaire, et dans une analyse post-hoc, ce qui en limite la valeur. L’effet objectivé sur le RMDQ peut néanmoins être en rapport avec le protocole d’électroacupuncture choisi qui est plutôt intense : stimulation électrique active, avec plus de 20 aiguilles par séance et une fréquence de traitement bihebdomadaire.

    Cette étude objective également une association entre les stratégies d'adaptation positives préexistantes à l’inclusion (« coping ») et l'amélioration fonctionnelle ultérieure sous traitement. Les variables psychologiques peuvent donc être un facteur plus important pour la réponse sur la douleur chronique que les variables somatiques et sensorielles, telles que celles mesurées par des tests quantitatifs.

    Enfin, les malades de race blanche semblent avoir un plus mauvais résultat sur la douleur et le RMDQ sous électroacupuncture que les malades d’origine asiatique : par rapport aux participants non asiatiques, les participants asiatiques ont connu des réductions plus importantes et statistiquement significatives de la douleur (changement PROMIS, 2,85 ; IC 95%, 0,13 à 5,58 ; p = 0,04) et du handicap (changement RMDQ, 2,45 ; IC 95%, 0,02 à 4,89 ; p = 0,049). Cette influence en apparence raciale peut être due à des différences culturelles, dans la mesure où les malades déjà familiers de la médecine traditionnelle chinoise pourraient être plus susceptibles de répondre à l'acupuncture.

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