Neurologie
Commotions cérébrales : des anomalies cérébrales persistantes après la clinique
L’imagerie cérébrale poussée révèle des anomalies persistantes de la substance blanche et de la vascularisation de certaines aires cérébrales jusqu’à un an après une commotion cérébrale, même après l’autorisation clinique de reprise sportive, indiquant une récupération neurologique incomplète.

- :gorodenkoff/istock
Une commotion cérébrale liée au sport est évaluée habituellement par des critères cliniques pour autoriser le retour au jeu. Toutefois, il subsiste une incertitude sur la normalisation complète de la physiologie cérébrale au moment de cette autorisation.
Dans une étude prospective, publiée dans Neurology, et menée auprès de jeunes athlètes universitaires, les chercheurs ont analysé les changements cérébraux structurels et fonctionnels grâce à l'IRM avant et après commotion. Parmi 187 athlètes suivis, 25 ayant subi une commotion ont été comparés à 27 témoins indemnes.
À la reprise du sport, ces athlètes ont toujours une diminution significative du débit sanguin cérébral (CBF) dans la région fronto-insulaire (-8,97 mL/100 g/min, IC à 95% [-12,80 à -5,01]), ainsi qu’une augmentation de la diffusivité moyenne dans la substance blanche (MD) et une réduction de l’anisotropie fractionnelle (FA) dans la corona radiata et la capsule interne, témoignant d'altérations persistantes.
Les modifications cérébrales persistent bien au-delà de la reprise sportive
L’analyse des critères secondaires confirme que des modifications cérébrales persistent bien au-delà de la reprise sportive, et jusqu’à un an après la commotion initiale. En particulier, seule la diminution du débit sanguin cérébral excède significativement la variabilité observée chez les athlètes non commotionnés.
Chez les athlètes avec un temps de récupération clinique plus long, une diminution encore plus marquée du débit sanguin cérébral dans la région temporale médiale a été observée (ρ = 0,64 [0,44 à 0,81]). Aucune donnée de tolérance ou d’événement indésirable lié à l’imagerie n’a été rapportée.
Potentielle remise en question des protocoles actuels
Cette étude prospective observationnelle, conduite dans un centre universitaire canadien, a inclus des athlètes âgés d’environ 20 ans issus de divers sports (football, hockey, rugby, soccer, etc.). Les participants ont été suivis longitudinalement avec des IRM réalisées avant la saison sportive, puis immédiatement après la commotion, au moment de la reprise du jeu, 1 à 3 mois après, et enfin à un an. La robustesse méthodologique, notamment le suivi prolongé et l'utilisation de mesures IRM avancées (CBF, MD, FA), renforce la représentativité clinique des résultats, bien que limitée à une population jeune d’athlètes universitaires.
Ces résultats impliquent une potentielle remise en question des protocoles actuels d’autorisation de retour au sport après commotion cérébrale, suggérant que les critères cliniques seuls pourraient sous-estimer la persistance d’une altération cérébrale. La mise en évidence d’anomalies durables soulève aussi la question des conséquences cumulatives de commotions répétées sur la santé cérébrale à long terme. Des études complémentaires incluant des populations plus larges, y compris non sportives et de différents âges, seraient nécessaires afin de préciser les implications à long terme et d’éventuellement adapter les stratégies thérapeutiques et préventives.