Schizophrénie, autisme, troubles bipolaires
Une paternité tardive augmente le risque de troubles psy chez l'enfant
Autisme, comportement suicidaire, ce sont quelques des risques auxquels est associée une paternité tardive, selon une étude conduite en Suède depuis 1973.
Pablo Picasso, père à 68 ans, et Charles Chaplin, père à 73 ans : deux exemples célèbres de paternité tardive. Mais avoir un enfant passée la quarantaine, voire la cinquantaine, est-il sans risque pour l’enfant à venir ? Bien au contraire, affirme une étude parue ce 26 février dans le JAMA Psychiatry. Des chercheurs de l’Indiana University (Etats-Unis) et du Karolinska Institutet (Stockholm) ont passé en revue toutes les naissances de 1973 à 2001. Ils ont observé une hausse du risque de troubles psychiatriques et académiques chez les enfants nés de père âgé.
De l’autisme aux mauvaises notes
Les risques d’une paternité tardive sont légion, si l’on en croit cette étude. Ses conséquences néfastes vont des troubles bipolaires, schizophréniques ou autistiques à l’hyperactivité en passant par des comportements suicidaires, de la consommation de drogue ou des mauvais résultats scolaires.
La comparaison des risques entre un père de 24 ans à la conception et un père de 45 ans est sans appel. Le risque de comportement suicidaire, de trouble psychotique ou de consommation de drogues est doublé, celui d’autisme triplé. Un enfant né de père âgé risque 13 fois plus de souffrir d’hyperactivité, 25 fois plus d’être atteint de troubles bipolaires.
Ces résultats extrêmes ont surpris les chercheurs, comme l’explique Brian D’Onofrio, auteur principal de l’étude : « Nous avons été choqués par ces résultats. Les associations spécifiques avec un âge paternel avancé étaient vraiment, vraiment plus fortes que dans les études précédentes. En fait, nous avons découvert qu’un âge paternel avancé est associé à un risque accru pour plusieurs troubles, comme l’hyperactivité, les tentatives de suicide et les problèmes de drogue, alors que les recherches traditionnelles suggèrent qu’un âge paternel avancé peut diminué le taux de fréquence de ces problèmes. »
Risque accru de mutations d’ADN
Plus le père est âgé, plus le risque augmente, souligne l’étude, mais il n’y a pas d’âge « plancher » à partir duquel concevoir pose problème, contrairement aux femmes. Selon l’Association Française d’Urologie (AFU), passés 24 ans, les probabilités de conception diminuent de 2% chaque année pour une homme. Selon les chercheurs, cela s’explique par une différence du système reproductif. Les femmes naissent avec un nombre limité d’ovules. Les hommes, eux, produisent constamment de nouveaux spermatozoïdes. A chaque nouvelle « production », il existe un risque que l’ADN mute. Et avec l’âge, les sources d’exposition à des toxines qui favorisent ces mutations se multiplient.
L'Association Française d'Urologie avertissait déjà de ces risques à l'occasion de son congrès en novembre dernier. Alors contacté par pourquoidocteur, le Pr Stéphane Droupy, urologue au CHU de Nîmes, estimait quant à lui que « les caractéristiques du sperme changent avec l’âge. Il y a diminution de la mobilité des spermatozoïdes, du volume de l’éjaculat. »