Pollution
Vous aimez mâcher des chewing-gums ? Attention aux microplastiques !
Chaque chewing-gum peut libérer des centaines, voire des milliers de microplastiques dans la salive, des particules potentiellement ingérées.

- Par Geneviève Andrianaly
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- nyul/iStock
Poumons, sang, cerveau, testicules, placenta… Dans ses différents organes, des microplastiques, à savoir de minuscules particules de plastique de l'ordre du micromètre, ont été retrouvés. Les principales sources de contamination sont des produits du quotidien, comme les planches à découper, les vêtements et les éponges de nettoyage. Récemment, des chercheurs de l'université de Californie à Los Angeles (États-Unis) ont révélé que le chewing-gum pouvait désormais s'ajouter à cette liste. Pour parvenir à cette conclusion, ils ont mené une étude, dont les résultats ont été présentés lors de la réunion de l'American Chemical Society (ACS).
10 marques de chewing-gums testés pour mesurer la quantité de microplastiques présents dans la salive
Dans le cadre de ces travaux, l’équipe a testé cinq marques de chewing-gums synthétiques et cinq marques de chewing-gums naturels, toutes disponibles dans le commerce. Pour rappel, les chewing-gums sont composés d'une base caoutchouteuse, d'un édulcorant, d'arômes et d'autres ingrédients. Les chewing-gums naturels utilisent un polymère végétal, comme le chiclé ou la sève d'un autre arbre, pour obtenir la consistance idéale, tandis que d'autres utilisent des bases en caoutchouc synthétique issues de polymères dérivés du pétrole. En laboratoire, les participants ont mâché sept chewing-gums de chaque marque durant quatre minutes. Pendant ce temps, des échantillons de salive étaient prélevés les 30 secondes avant que les volontaires ne se rincent la bouche.
Lors d’une autre expérience, des échantillons de salive ont été prélevés périodiquement pendant 20 minutes afin d'observer le taux de libération de microplastiques par chaque chewing-gum. Les chercheurs ont ensuite mesuré la quantité de microplastiques présents dans chaque échantillon de salive. Les particules de plastique ont été colorées en rouge et comptées au microscope, ou analysées par spectroscopie infrarouge, ce qui a également permis d'obtenir la composition du polymère.
Mâcher 160 à 180 petits chewing-gums par an entraîne l'ingestion d'environ 30.000 microplastiques
Les résultats ont révélé qu’en moyenne, 100 microplastiques étaient libérés par gramme de chewing-gum, bien que certains chewing-gums en libèrent jusqu'à 600 par gramme. Selon les auteurs, un chewing-gum classique pèse entre 2 et 6 grammes, ce qui signifie qu'un gros chewing-gum peut libérer jusqu'à 3.000 particules de plastique. Si une personne moyenne mâche 160 à 180 petits chewing-gums par an, les scientifiques ont estimé que cela pourrait entraîner l'ingestion d'environ 30.000 microplastiques.
"Étonnamment, les chewing-gums synthétiques et naturels libèrent des quantités similaires de microplastiques lorsque nous les mâchons", a signalé Lisa Lowe, auteure des recherches. Ils contenaient également les mêmes polymères : polyoléfines, polyéthylène téréphtalates, polyacrylamides et polystyrènes. Les polymères les plus abondants pour les deux types de chewing-gums étaient les polyoléfines, un groupe de plastiques comprenant le polyéthylène et le polypropylène.Des microplastiques libérés dans les deux premières minutes de mastication
D’après l’équipe, la plupart des microplastiques se sont détachés du chewing-gum dans les deux premières minutes suivant la mastication. "Leur libération n'est pas due aux enzymes présentes dans la salive qui les décomposent. La mastication est suffisamment abrasive pour détacher des morceaux. Après huit minutes de mastication, 94 % des particules de plastique collectées lors des tests avaient été libérées. Par conséquent, pour réduire son exposition potentielle aux microplastiques présents dans les chewing-gums, il est préférable de mâcher un morceau plus longtemps plutôt que d'en introduire un nouveau."