Médecine générale
Dépression : efficacité d’une psychothérapie comportementale numérique
Une intervention digitale auto-administrée basée sur l’activation comportementale, et réalisée en soins primaires, réduirait significativement les symptômes dépressifs, même sans implication forte du médecin traitant.

- CoreDesignKEY/istock
L’intégration des interventions numériques en santé mentale dans les soins primaires pourrait combler le manque d’accès aux médecins, par exemple, deux tiers des adultes diagnostiqués dépression aux États-Unis ne reçoivent aucun soin adapté. L’étude clinique randomisée Moodivate, menée dans 22 centres de soins primaires en Caroline du Sud, évalue l’efficacité d’une intervention digitale auto-administrée basée sur l’activation comportementale par comparaison aux soins habituels, avec ou sans intégration au dossier médical électronique (DME).
Les résultats principaux, publiés dans JAMA Internal Medicine, révèlent une réduction significative des symptômes dépressifs après 12 semaines, mesurée par l’échelle BDI-II : les scores moyens diminuent respectivement de -10,34 points avec Moodivate seul et -9,88 points avec Moodivate intégré au DME, contre seulement -5,94 points pour les soins habituels.
Plus de chance d’amélioration clinique et de rémission
Les autres résultats confirment la robustesse de l’intervention : les participants utilisant Moodivate, avec ou sans intégration au DME, ont des chances multipliées par 2,5 à 3,0 d'obtenir une amélioration clinique significative (réduction ≥10 points du score BDI-II) et par 2,3 à 2,6 d’atteindre une rémission (score BDI-II ≤13) comparativement au groupe témoin (p<0,001 pour toutes ces comparaisons). L’engagement initial avec l’application est élevé, atteignant jusqu’à 100% la première semaine et se maintenant à 33% après 12 semaines.
Seuls 14% des médecins traitants ont utilisé activement les fonctionnalités proposées par l’intégration au DME. Aucun problème notable de tolérance n’a été relevé, confirmant la sécurité et l’acceptabilité de l’intervention.
Un essai clinique randomisé en soins primaires
Ces données proviennent d’un essai clinique randomisé décentralisé impliquant 649 adultes présentant des symptômes modérés à sévères de dépression (score PHQ-9 ≥10), recrutés entre septembre 2021 et décembre 2023. Cette méthodologie assure une bonne représentativité clinique mais limite la généralisation géographique à d’autres régions des États-Unis. Par ailleurs, certains critères d’inclusion (possession d’un smartphone, maîtrise de l’anglais) peuvent avoir introduit des biais socioéconomiques.
Malgré ces limites, l’étude apporte une preuve solide qu’une intervention digitale auto-administrée basée sur l’activation comportementale est une option thérapeutique pertinente en soins primaires, même sans forte implication directe du médecin. À l’avenir, il serait utile d’évaluer cette intervention à plus large échelle, sur des périodes plus prolongées et dans des contextes cliniques variés afin de confirmer son efficacité et préciser les stratégies optimales d’engagement des patients et des professionnels de santé.