Médecine du sport
Arrêts cardiaques et course de fond : incidence stable mais mortalité réduite
La fréquence des arrêts cardiaques lors des marathons aux États-Unis reste inchangée par rapport à la décennie antérieure malgré la croissance du nombre de participants, mais la mortalité associée a nettement diminué grâce à une meilleure réactivité médicale et à l’accès immédiat à un défibrillateur.

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La popularité croissante des courses de fond a conduit à une augmentation significative du nombre de coureurs de marathons et semi-marathons aux États-Unis, passant à 29,3 millions entre 2010 et 2023, soit une multiplication par trois par rapport à la décennie précédente. Face à l'inquiétude liée aux risques cardiovasculaires associés à ces courses, une étude du registre américain RACER (Race Associated Cardiac Event Registry) a été menée pour déterminer l'incidence actuelle et les résultats des arrêts cardiaques en contexte sportif.
Les résultats publiés dans le JAMA montrent une stabilité de l'incidence des arrêts cardiaques, demeurant autour de 0,54 pour 100 000 participants (contre 0,60 précédemment). En revanche, on observe une nette diminution de la mortalité associée, avec un taux passant de 71% dans les années 2000-2009 à 34% entre 2010 et 2023.
La maladie coronarienne est la première cause d’arrêt cardiaque lors de ces courses
D'autres résultats remarquables concernent l'identification de sous-groupes à risque et les causes d’arrêts cardiaques. Ainsi, les hommes ont une incidence d'arrêt cardiaque significativement plus élevée que les femmes (1,12 pour 100 000 contre 0,19 pour 100 000, respectivement). De même, les marathons affichent une incidence plus importante (1,04 pour 100 000) comparativement aux semi-marathons (0,47 pour 100 000).
Sur les cas dont l’étiologie a pu être précisée (67 sur 128 cas), la maladie coronarienne prédomine désormais (40 % des cas), remplaçant la cardiomyopathie hypertrophique comme principale cause, contrairement aux précédentes études. La survie après arrêt cardiaque est associée à un temps plus court avant la réanimation cardio-pulmonaire et à la présence initiale d’une tachyarythmie ventriculaire. Ces améliorations des résultats de survie témoignent probablement d'une meilleure réactivité des secours et d'un accès généralisé aux défibrillateurs automatiques externes (DAE).
Une étude observationnelle sur un large registre sportif
Ces données proviennent d’une étude observationnelle extensive réalisée par le registre RACER, combinant médias, contacts directs avec les organisateurs de courses, dossiers médicaux et entretiens avec survivants ou proches. Cette méthodologie rigoureuse minimise les biais de sous-déclaration et offre une représentativité élevée. Toutefois, l’étude a certaines limites, telles que l'utilisation des temps d'arrivée pour identifier les participants, ce qui pourrait légèrement sous-estimer le risque réel d’arrêt cardiaque. De plus, près de la moitié des cas restent sans étiologie clairement identifiée, limitant la précision des conclusions.
Selon un éditorial associé, ces résultats soulignent l’importance d'améliorer encore davantage l’organisation médicale des courses, notamment via l’installation systématique de défibrillateurs accessibles immédiatement. Sur le plan clinique, ils invitent à renforcer les stratégies de prévention primaire cardiovasculaire chez les coureurs plus âgés, particulièrement chez les hommes à risque de coronaropathie. Des études pourraient explorer davantage le rôle potentiel d'une prévention pharmacologique préventive, comme l’administration d’aspirine à faible dose, avant ces courses chez les coureurs à risque cardiovasculaire accru.