Rhumatologie

Maladie de Still adulte : bénéfice avéré des biothérapies dès la première ligne

En première ligne, les traitements biologiques améliorent nettement la rémission durable et réduisent les complications dans la maladie de Still adulte.

  • Nuttawan Jayawan/istock
  • 01 Avr 2025
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    La maladie de Still adulte (AOSD) est une affection inflammatoire rare, caractérisée par une fièvre intermittente, des éruptions cutanées et des manifestations articulaires, potentiellement compliquée par de nombreuses complications d’organes et un syndrome d’activation macrophagique potentiellement léthal. Traditionnellement, les corticoïdes sont utilisés en première intention et en association aux DMARDs synthétiques conventionnels (comme le méthotrexate ou la ciclosporine) pour réduire la dose de corticoïdes nécessaire. Les DMARDs synthétiques ont un délai d’action, l’association a une efficacité modérée et des effets indésirables fréquents.

    Malgré les recommandations récentes préconisant les DMARDs biologiques (anakinra, canakinumab, tocilizumab), les données probantes spécifiques aux adultes restent limitées, issues principalement d'études pédiatriques. Cette étude rétrospective, multicentrique et pondérée par scores de propension menée en Allemagne montre que l’utilisation des DMARDs biologiques en première intention est associée à une plus grande probabilité d'atteindre le critère d'évaluation principal de rémission durable sans événement (rapport de cotes de 7,20, IC à 95 % de 2,50 à 36,64 ; p = 0,0007). L’étude est publiée dans The Lancet Rheumatology.

    Moins de complications sous anti-IL1 ou anti-IL6

    Une amélioration significative du taux de rémission durable et sans événement est observée sous biologiques en première intention à 72 semaines comparativement aux DMARDs conventionnels (50% contre 12%). Les résultats secondaires confirment les bénéfices notables des biothérapies en première ligne. Aucun patient sous biothérapie n’a eu de complication liée aux corticoïdes, alors que cinq événements sont rapportés dans le groupe traité par DMARDs conventionnels (hypertension artérielle de novo, affections cutanées). Trois décès sont survenus exclusivement dans le groupe traité par DMARDs synthétiques (dont deux dus à un syndrome d’activation macrophagique).

    La tolérance globale des DMARDs biologiques s’est ainsi avérée nettement supérieure, avec une réduction marquée des complications potentiellement graves associées à la corticothérapie prolongée.

    Une étude rétrospective multicentrique

    Cette étude rétrospective multicentrique, menée dans 16 centres rhumatologiques allemands, a inclus 86 patients diagnostiqués selon les critères de Yamaguchi, avec suivi documenté à 12 et 72 semaines. Les résultats ont été ajustés selon un score de propension prenant en compte les différences initiales d’activité de la maladie, les taux de ferritine, ainsi que l’âge et le sexe des patients. Malgré les limitations inhérentes à la méthodologie rétrospective, la pondération rigoureuse des données limite les biais de sélection. Ces résultats sont ainsi représentatifs de la pratique clinique réelle, avec une pertinence élevée pour orienter les stratégies thérapeutiques initiales.

    Selon les auteurs, cette étude apporte des données robustes en faveur des biothérapies en première intention dans l’AOSD, justifiant un changement de paradigme clinique vers une utilisation plus précoce et large de ces traitements. Elle renforce les recommandations récentes des guidelines EULAR–PReS de 2023. Les futures recherches devraient désormais explorer plus finement quels sous-groupes de patients bénéficieraient particulièrement de ces approches biologiques initiales, tout en confirmant ces résultats dans des essais randomisés prospectifs afin d’affiner les protocoles thérapeutiques spécifiques à la maladie de Still de l’adulte.

     

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