Dermatologie

Alopécie cicatricielle : efficacité comparable des faibles doses de doxycycline

L’utilisation de faibles doses de doxycycline dans les alopécies cicatricielles lymphocytaires offrirait une efficacité similaire aux doses élevées, avec un meilleur profil de tolérance.

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  • 18 Mar 2025
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    L’alopécie cicatricielle lymphocytaire est une forme d’alopécie localisée en rapport avec une inflammation du cuir chevelu de cause possiblement auto-immune et conduisant à la destruction définitive des follicules pileux. La doxycycline est fréquemment prescrite dans les alopécies cicatricielles lymphocytaires pour ses propriétés anti-inflammatoires, indépendamment de son action antimicrobienne. Si l’efficacité de la doxycycline à faible dose était déjà suggérée par des études antérieures, les preuves comparant directement les effets des doses faibles et plus élevées restaient limitées.

    Une étude rétrospective menée par l’équipe du NYU Langone Health auprès de 241 patients traités entre 2009 et 2023 confirme aujourd’hui que l'efficacité anti-inflammatoire et clinique des faibles doses (20 mg deux fois par jour, 40 ou 50 mg par jour) est comparable aux doses plus élevées (50 mg deux fois par jour à 100 mg deux fois par jour), avec une meilleure tolérance pour les faibles doses. L’article est publié dans le Journal of the American Academy of Dermatology.

    Pas de différence non plus dans les sous-groupes

    L’étude n’a identifié aucune différence statistiquement significative entre les groupes sur la sévérité de l’inflammation (p=0,21), la progression de la chute capillaire (p=0,39) et les symptômes du cuir chevelu (p=0,23). Même dans les sous-groupes combinés de lichen planopilaire (LPP) et alopécie fibrosante frontale (FFA), aucune association significative n’est retrouvée entre la dose administrée et la stabilité de la perte capillaire (p=0,16) ou l’amélioration des symptômes cliniques (p=0,12).

    Les résultats rapportés par les patients sont également similaires entre les groupes après ajustement sur les thérapies adjuvantes (p=0,99). En revanche, les effets indésirables sont significativement plus fréquents à doses élevées (23 %) comparativement aux faibles doses (12 %), principalement des symptômes gastro-intestinaux et une photosensibilité ou un rash cutané (p=0,05). La réduction ou l’arrêt du traitement à cause de ces effets est de 20,4 % pour les hautes doses contre 9,1 % pour les faibles doses.

    Une étude rétrospective avec déséquilibre de la taille des groupes

    Ces données proviennent d’une revue rétrospective approuvée par l'IRB des dossiers médicaux électroniques de patients adultes traités au NYU Langone Health pour alopécies cicatricielles lymphocytaires (50,2 % de lichen planopilaire, 45,6 % d’alopécie fibrosante frontale, 15,4 % alopécie centrifuge centrale cicatricielle). Malgré certaines limites comme le déséquilibre dans les tailles des groupes (27,4 % faibles doses, 72,6 % fortes doses), un manque de diversité ethnique et l’utilisation fréquente de traitements adjuvants (corticostéroïdes intralésionnels dans 56,4 %, topiques dans 46,1 %, minoxidil à 5 % dans 31,5 %), ces résultats restent robustes et généralisables à la pratique quotidienne.

    Selon les auteurs, ces résultats suggèrent que les praticiens pourraient réduire les doses de doxycycline sans perte d’efficacité thérapeutique, tout en minimisant le risque d’effets indésirables. De plus, l’usage de faibles doses s’inscrit dans une démarche responsable de lutte contre l’émergence des résistances bactériennes. Ces conclusions ouvrent la voie à une modification importante des pratiques thérapeutiques, en encourageant l’usage privilégié de faibles doses de doxycycline dans les alopécies cicatricielles lymphocytaires. Des études prospectives, incluant des cohortes plus larges et plus diversifiées, seraient nécessaires.

     

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    JDF

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