Pneumologie
BPCO : l’ECG, un outil simple pour préciser le risque cardiovasculaire.
Un dépistage du risque cardiovasculaire par un simple ECG est possible chez les patients atteints de BPCO. Ce risque étant très important et pouvant être limité par l’adaptation thérapeutique, l’intérêt de cet examen de routine est à ne surtout pas négliger. D’après un entretien avec Maéva ZYSMAN.

Une étude dont les résultats sont parus en février 2025 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer deux marqueurs à l’ECG en tant qu’outils pronostiques du risque d’événements cardiovasculaires chez les patients atteints de BPCO. Il s’agit de l’analyse à postériori de l’étude IMPACT. Les auteurs de ce travail ont séparé les 9448 patients inclus en trois groupes élaborés en fonction de leur traitement respiratoire : le premier groupe comprenait les patients avec double bronchodilatation, le second groupe incluait les patients avec corticothérapie inhalée associée à un béta 2 mimétique de longue durée d’action et enfin, le troisième groupe rassemblait les patients sous trithérapie fixe. Les ECG initiaux de tous les patients ont été analysés avec une étude de deux indicateurs : l’onde P pulmonaire et le score d’ischémie coronaire. Le taux d’événements cardiovasculaires et respiratoires ainsi que la mortalité de ces patients ont ensuite été évalués.
Une attention particulière à porter sur le risque cardiovasculaire au cours de la BPCO
Le professeur Maéva ZYSMAN, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, rappelle que les patients atteints de BPCO présentent des comorbidités de manière extrêmement fréquente, dont 70% sont des comorbidités cardiovasculaires. Les données sur les complications cardiovasculaires qui suivent les événement aigus liés à la BPCO, comme les exacerbations, sont de plus en plus riches. Il a déjà été démontré que plus les exacerbations sont sévères, plus le risque cardiovasculaire est important. La question est de savoir si les traitements liés à la BPCO, dont les corticoïdes inhalés ont un effet sur le risque cardiovasculaire. Ce travail, qui est une analyse post-hoc, d’une étude de référence (essai IMPACT), qui a évalué les traitements inhalés de la BPCO dans trois goures de patients traités différemment, a d’abord montré une diminution des exacerbations sévères chez les patients sous trithérapie et une diminution globale de la mortalité dans ce même groupe de patients. Maéva ZYSMAN précise que l’hypothèse est que ces patients ont présenté moins d’évènements cardiovasculaires et que les résultats de cette étude ont confirmé cette hypothèse. En effet, l’analyse fine des ECG initiaux ont montré que l’onde P pulmonaire était présente chez 10% des sujets est associée à plus d’exacerbations et d’évènements cardiovasculaires. Le score d’ischémie coronaire, avec des signes de sus ou sous décalage de ST, ou de modifications de l’onde T est également associé à une majoration des exacerbations et des événements cardiovasculaires.
De l’importance d’une relation forte avec les cardiologues
Maéva ZYSMAN insiste sur l’importance de prendre en compte les comorbidités cardiovasculaires et de maintenir une relation forte avec les cardiologues, afin d’optimiser les traitement de ces patients, à visée la fois respiratoire et cardiovasculaire. Elle souligne que l’une des limites de ce travail est justement que tous les éléments concernant le traitement cardiaque préventif des patients inclus dans l’étude ne soient pas connus. Elle précise qu’un travail prospectif serait intéressant mais que l’on eut d’ores et déjà conclure que si des anomalies sont observées à l’ECG, il est impératif de mettre les patients sous corticothérapie inhalée. Maéva ZYSMAN fait référence à une autre publication similaire mais réalisée avec une autre trithérapie que celle utilisée dans l’essai IMPACT et ajouté que ce travail a donné les mêmes résultats. Ceci est intéressant car l’ECG est un examen de routine, simple à effectuer et qu’il est important de bin l’analyser chez les patients atteints de BPCO.
En conclusion, l’ECG est un examen simple qui peut apporter de précieux éléments sur le risque cardiovasculaire des patients atteints de BPCO et peut permettre d’adapter la thérapeutique en fonction de ce risque. Une étude prospective au cours de laquelle les patients identifiés à risque cardiovasculaire à l’ECG seraient alors traités par corticothérapie inhalée serait intéressante…