Pneumologie
Une attente plus longue pour les femmes sur liste de greffe pulmonaire !
Les femmes sur liste d’attente de greffe pulmonaire ont un délai d’attente prolongé par rapport aux hommes pour diverses raison qui ont été identifiées. Elles ont, d’autre part, une meilleure survie que les hommes après la transplantation, pour des raisons non encore suffisamment claires pour être concluantes. D’après un entretien avec Adrien TISSOT.

Une étude, dont les résultats sont parus en janvier 2025 dans l’ERJ Open Research, a cherché à évaluer les causes des différences observées entre les hommes et les femmes tout au long du parcours de transplantation pulmonaire. Il s’agit d’une étude française, pour laquelle les auteurs ont utilisé les données de l’étude COLT (COhort in Lung Transplantation), issues de douze centres de transplantation pulmonaire différents. L’étude s’est déroulée en trois phases : les caractéristiques cliniques de base, la phase pré-greffe et le suivi post-greffe, en comparant les hommes et les femmes , notamment en termes de délai d’attente en phase pré-greffe et de mortalité post-greffe. Au total, 1710 patients ont été inclus, la cohorte comprenant 802 femmes et 908 hommes.
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Une première étude spécifique sur la différence de genre
Le docteur Adrien TISSOT, praticien hospitalier dans l’Unité de Transplantation Thoracique du service de pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire de Nantes, et auteur de ce travail, explique qu’il s’agit d’un premier travail sur l’étude de la différence de genre traitée spécifiquement sur la transplantation pulmonaire. Les parcours des hommes et des femmes en pré et post- greffe ont été comparé et les résultats ont montré que les femmes attendaient en moyenne six semaines de plus que les hommes et que la survie en post-greffe était meilleure chez les femmes, sans que la cause de cette différence ne soit identifiée. L’accès à la greffe pulmonaire était obtenu dans 90% des cas pour les femmes et 95% pour les hommes. L’hypothèse est que les patients sortis de la liste se sont aggravés ou sont décédés. Il y a trois raisons pour lesquelles les patients.es sont sortis de liste : décès, aggravation ou amélioration. Les auteurs n’ont pas pu déterminer quelles étaient les proportions exactes de ces 3 causes parmi les hommes et les femmes (car beaucoup de sortis de liste sans cause connue). Il est possible (mais peu probable) que la différence d’accès à la greffe soit liée à un plus grand nombre de femmes qui se seraient améliorées d’un point de vue respiratoire.
Attente des femmes en pré-greffe : deux causes identifiées
Adrien TISSOT précise que deux causes ont été identifiées pouvant expliquer l’attente prolongée des femmes inscrite sur la liste des transplantations pulmonaires. La première cause identifiée est la présence d’anticorps anti-HLA, présents chez les femmes, en raison des grossesses. En effet, la présence de ces anticorps anti-HLA en pré-greffe restreint l’accès à la greffe, surtout pour les femmes plus fréquemment immunisées. Le second facteur expliquant l’attente plus longue de femmes est morphologique. La taille des poumons des donneurs doit correspondre à celle des receveurs, or les donneurs sont plus souvent des hommes, de grande stature, dont la taille moyenne est d’1,76 m. L’inadéquation morphologique avec la cage thoracique des femmes pose donc problème et devient un facteur d’attente supplémentaire. Adrien TISSSOT explique que pour limiter ce problème, il est possible de procéder à une réduction de volume pulmonaire, qui s’avère donc être plus fréquente chez les femmes que chez les hommes et qui implique un temps chirurgical plus long. Toutefois, l’augmentation du temps passé au bloc opératoire due à la réduction de volume n’est pas associée à une augmentation de la mortalité.
En conclusion, il est nécessaire de prioriser les patients qui seraient candidats à une transplantation pulmonaire avec réduction de volume pour limiter l’attende des femmes qui sont sur une liste de greffe. Les raisons de leur meilleure survie en post-greffe n’ont pas de cause identifiées, par manque d’éléments suffisants pour conclure. De nouveaux travaux devraient permettre des éclaircissements sur cette question.