Pneumologie

Asthme sévère : efficacité des biothérapies en fonction des trajectoires

 Les trajectoires pré biologiques déterminent les chances de rémission aux traitements par biothérapies dans l'asthme sévère, même si l’amélioration clinique est la même quelle que soit la trajectoire.  Trois groupes de patients ont été identifiés pour trois réponses au traitement différentes. D’après un entretien avec Alain DIDIER.

  • 20 Mar 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en janvier 20025, dans l’European Respiratory Journal a cherché à identifier les trajectoires à long terme des patients asthmatiques sévères, avant l’instauration de la biothérapie et leur impact sur l’efficacité du traitement. Il s’agit d’une étude danoise incluant 755 patients issus du registre danois de l’asthme, qui ont bénéficié d’un traitement de novo par biothérapie entre 2016 et 2022. L’analyse de leur prise en charge antérieure a pu remonter jusqu’en 1995. Les auteurs ont réalisé cette évaluation selon deux critères. Le premier critère est l’amélioration clinique, avec une diminution de 50% des exacerbations, une réduction du traitement par corticoïdes et une amélioration de la fonction respiratoire. Le second critère est défini par la rémission, qui correspond à une disparition complète des exacerbations et de la corticothérapie, avec une normalisation de la fonction respiratoire.

     

    Trois clusters identifiés

    Le professeur Alain DIDIER, pneumologue dans le service de pneumo-allergologie du Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, félicite ce travail de qualité qui présente un grand intérêt. En effet, sa méthodologie est robuste compte tenu de la grande taille de la cohorte et du recul des données jusqu’en 1995. Alain DIDIER précise, qu’au Danemark, il existe une obligation d’inscrire les biothérapies instaurées de novo dans un registre, qui fait partie d’un cadre réglementaire, ce qui permet de voir le parcours antérieur à la prescription de biothérapie des patients inclus dans la cohorte.  Les résultats de ce travail ont montré que la plupart des patients ont présenté une amélioration clinique sous biothérapie mais qu’en termes de rémission, les résultats sont différents selon les profils. En effet, trois types de trajectoires ou clusters, ont été identifiés : un premier (26% des cas) correspond à l’asthme sévère chroniques, comprenant des patients qui ont bénéficié de traitements lourds et de corticothérapie pendant plusieurs années, un deuxième (35% des cas) correspondant à des patients asthmatiques qui s’aggravent progressivement, dont le pronostic est meilleur et le troisième incluant les patients dont l’asthme est grave d’emblée (39% des cas), qui constituent les meilleurs répondeurs aux biothérapies.

     

    Des probabilités de rémission différentes selon les clusters

    Alain DIDIER souligne que la réponse clinique existe dans les trois groupes et il explique que l’absence globale de rémission des patients appartenant au premier groupe peut être liée aux comorbidités, consécutives à la corticothérapie prolongée. Il évoque une seule limite  relative à ce travail, concernant l’amélioration de la fonction respiratoire comme critère de rémission, qui est difficile à évaluer lorsque l’asthme évolue depuis longtemps. Pour Alain DIDIER, le message principal est donc qu’il faut traiter plus tôt  certains patients asthmatiques par biothérapie. Une meilleure rémission est à espérer pour un type de profil de patients, davantage que pour d’autres, avec une diminution significative de leur lourde charge thérapeutique.

     

    En conclusion, l’efficacité des biothérapies dépend de la trajectoire des patients asthmatiques sévères. La rémission n’est pas pour tout le monde mais une amélioration clinique est attendue dans la plupart des cas. De l’intérêt de prescrire les biothérapies le plus tôt possible en cas d’asthme sévère…

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