Infectiologie

Épidémie d’hospitalisations pour infection en Chine : un métapneumovirus en cause

Une épidémie de syndromes grippaux sévères en Chine, conduisant à de nombreuses hospitalisations, serait liée à des infections à métapneumovirus, un virus respiratoire connu depuis 2001 et qui serait responsable d’hospitalisations et de complications essentiellement chez les enfants et les personnes âgées et immunodéprimées.

  • Muhammad Farhad/istock
  • 07 Jan 2025
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    Ces dernières semaines, des scènes d'hôpitaux chinois envahis de personnes masquées et de nombreuses hospitalisations ont fait le tour des médias sociaux, suscitant la crainte d'une nouvelle pandémie liée à un virus inconnu. Pékin a depuis reconnu une augmentation des cas de métapneumovirus humain (hMPV), semblable à la grippe, en particulier chez les enfants, et l'a attribuée à un pic saisonnier.

    Mais le hMPV n'est pas comme la Covid-19, ont rappelé les experts : ce virus existe probablement depuis des décennies et presque tous les enfants sont infectés avant leur cinquième anniversaire. Toutefois, chez certains très jeunes enfants et chez des personnes dont le système immunitaire est altéré, le métapneumovirus humain peut provoquer des maladies respiratoires plus graves.

    Le métapneumovirus est responsable d’un syndrome grippal qui peut se compliquer

    Depuis sa découverte en 2001, le métapneumovirus humain (hMPV) est un virus retrouvé en pathologie respiratoire communautaire principalement chez les enfants, mais aussi les personnes âgées et/ou immunodéprimées. Les symptômes chez la plupart sont la toux, la fièvre et une congestion nasale. Les très jeunes enfants, y compris les enfants de moins de deux ans, sont les plus vulnérables au virus, de même que les personnes dont le système immunitaire est affaibli, notamment les personnes âgées et immunodéprimées.

    En cas d'infection, une proportion faible mais significative de ces personnes développera une maladie plus grave touchant les poumons, avec une respiration sifflante, un essoufflement et une toux. Nombre d'entre eux nécessiteront des soins hospitaliers, avec un risque plus faible de mourir de l'infection.

    Une étude épidémiologique française récente sur les infections à métapneumovirus

    Dans une étude française de 2019 sur 3148 adultes hospitalisés pour syndrome grippal, un virus respiratoire a été mis en évidence chez 1514 (49 %) pts dont 100 cas liés au métapneumovirus humain (100/3148, 3 %). Les autres virus les plus fréquents étaient la grippe (1123/3148, 36 %), le picornavirus (167/3148, 5 %) et le VRS (145/3148, 5 %).

    La durée moyenne de séjour pour les patients hMPV+ était de 7 jours, 62 % (56/90) ont développé une complication, 21 % (14/68) ont été admis en réanimation et 4 % (4/90) sont décédés lors de l’hospitalisation. Les malades hospitalisés pour une infection à hMPV étaient plus jeunes que ceux de la grippe (69 ans versus 78).

    Penser au métapneumovirus chez la personne âgée et immunodéprimée

    Comme de nombreuses autres infections respiratoires, le hMPV est le plus actif à la fin de l'hiver et au printemps. Selon certains experts, cela s'explique par le fait que les virus survivent mieux dans le froid et qu'ils se transmettent plus facilement d'une personne à l'autre quand les gens sont plus souvent à l'intérieur. Dans le nord de la Chine, le pic actuel de HMPV coïncide avec des températures basses qui devraient durer jusqu'en mars.

    En fait, de nombreux pays de l'hémisphère nord, dont la Chine, voient progresser la prévalence du hMPV. Bien que cette situation soit préoccupante, l'augmentation de la prévalence est probablement due à l'augmentation saisonnière normale observée en hiver. Comme le hMPV provoque une maladie ressemblant à la grippe, son diagnostic et sa prise en charge pourraient être difficiles, car la grippe, le virus respiratoire syncytial et le Covid-19 ont des manifestations similaires à celles du hMPV. Les infections à hMPV de l’adulte sont cependant peu fréquentes. Elles touchent principalement les personnes âgées et sont responsables de complications fréquentes justifiant le développement d’antiviraux et de vaccins pour les populations à risque (un vaccin combiné est en cours de développement).

     

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