Pédiatrie

Grands prématurés : le budésonide intratrachéal précoce ne réduit pas le risque de dysplasie bronchopulmonaire

Chez les nourrissons nés avant 28 semaines de gestation et recevant du surfactant pour syndrome de détresse respiratoire, l'administration précoce de budésonide intratrachéal n'améliore pas significativement la survie sans dysplasie bronchopulmonaire.

  • Jose Luis Carrascosa/istock
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  • 12 Nov 2024
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    La dysplasie bronchopulmonaire (DBP) reste une complication majeure chez les nouveau-nés grand prématurés, nés avant 28 semaines de gestation. Malgré les avancées en soins intensifs néonatals, plus de 50 % de ces nourrissons développent ultérieurement une dysplasie bronchopulmonaire, entraînant des risques accrus de maladies respiratoires précoces, d'asthme et de troubles neurodéveloppementaux. Une corticothérapie systémique a été utilisée pour prévenir l’apparition d’une dysplasie bronchopulmonaire, mais leur utilisation est limitée en raison d'effets indésirables, notamment un risque accru de paralysie cérébrale.

    Des études précliniques ont suggéré que l'administration de corticoïdes locaux, directement dans les poumons avec le surfactant, pourrait réduire l'inflammation pulmonaire sans les effets secondaires systémiques. L’étude PLUSS (Preventing Lung Disease Using Surfactant + Steroid), publiée dans The JAMA Network, montre que l'ajout de budésonide au surfactant intratrachéal n’augmente pas significativement la survie sans dysplasie bronchopulmonaire à 36 semaines d'âge postmenstruel chez les nourrissons extrêmement prématurés.

    Une différence non significative en faveur du budésonide

    Dans cet essai clinique randomisé en double aveugle, 1 059 nourrissons nés avant 28 semaines de gestation ont été répartis en deux groupes : le premier a reçu du budésonide (0,25 mg/kg) mélangé au surfactant (poractant alfa) administré par voie intratrachéale, et le second a reçu uniquement le surfactant. Les résultats montrent que 25,6 % des nourrissons du groupe budésonide-surfactant ont survécu sans dysplasie bronchopulmonaire à 36 semaines, contre 22,6 % dans le groupe surfactant seul (différence de risque ajustée : 2,7 % ; IC à 95 % : -2,1 % à 7,4 %).

    Bien que le taux de survie sans dysplasie bronchopulmonaire soit légèrement supérieur dans le groupe budésonide, la différence n’est pas statistiquement significative. De plus, à 36 semaines, 83,2 % des nourrissons du groupe budésonide sont vivants, comparé à 80,6 % dans le groupe surfactant seul. Parmi les survivants, 69,3 % et 71,9 % ont été diagnostiqués avec une dysplasie bronchopulmonaire dans les groupes budésonide et surfactant seul, respectivement.

    Un possible bénéfice dans un sous-groupe

    Concernant les autres résultats, l'étude n'a pas observé d'effets indésirables graves liés à l'administration intratrachéale de budésonide. Les analyses des sous-groupes prédéfinis n'ont pas montré de différences significatives entre les groupes.

    Une analyse post hoc a suggéré un bénéfice potentiel chez les nourrissons ayant une fraction inspirée en oxygène (FiO2) égale ou supérieure à 0,50 avant l'intervention, mais ce résultat doit être interprété avec prudence en raison du faible nombre de patients dans ce sous-groupe (21,3 % des participants). Globalement, le traitement est bien toléré, sans augmentation des complications liées à l'utilisation du budésonide intratrachéal.

    Une étude randomisée multicentrique

    Les données proviennent de l'étude PLUSS, réalisée dans 21 unités néonatales de soins intensifs de quatre pays (Australie, Nouvelle-Zélande, Canada et Singapour) entre janvier 2018 et mars 2023. Les nourrissons inclus étaient âgés de moins de 48 heures, nés avant 28 semaines de gestation, et nécessitaient une ventilation mécanique ou un support respiratoire non invasif avec indication de surfactant. La méthodologie rigoureuse, incluant la randomisation en double aveugle et l'ampleur de la cohorte, renforce la validité des résultats.

    Cependant, le taux de survie sans dysplasie bronchopulmonaire dans le groupe contrôle est inférieur à ce qui était attendu, ce qui a pu affecter la puissance statistique pour détecter une différence significative. De plus, plus de la moitié des nourrissons avaient déjà reçu du surfactant avant l'inclusion, ce qui reflète la pratique clinique réelle mais pourrait avoir influencé les résultats.

    En pratique

    L'ajout de budésonide au surfactant intratrachéal chez les nourrissons extrêmement prématurés ne semble pas augmenter significativement la survie sans dysplasie bronchopulmonaire à 36 semaines d'âge postmenstruel. Ces résultats suggèrent que cette intervention n'apporte pas de bénéfice clinique majeur dans cette population à haut risque.

    Des études supplémentaires, notamment le suivi à long terme des participants de cette étude et les résultats d'autres essais en cours, sont nécessaires pour déterminer le rôle potentiel du budésonide intratrachéal dans certains sous-groupes.

     

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