Pneumologie
Biothérapies de l'asthme et grossesse, des propositions internationales pour guider notre pratique.
Il existe peu de données sur la conduite à tenir en termes de biothérapies au cours de la grossesse. Un travail international a permis d’obtenir des résultats concordants et d’établir un consensus sur la balance bénéfice/risque qui serait plutôt en faveur d’un bénéfice. D’après un entretien avec Cindy BARNIG.
Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2024 dans le Lancet Respiratory Medicine, a fait le point sur l’intérêt et les risques de l’utilisation des biothérapies chez les femmes enceintes, ayant un désir de grossesse ou allaitantes, présentant un asthme non contrôlé et à risque d’exacerbations. Il s’agit d’une étude internationale Delphi pour laquelle 141 spécialistes, issus de 32 pays différents ont répondu à deux séries de sondages en ligne sur l’utilisation des biothérapies en traitement de l’asthme pendant la grossesse, au moment de la conception et au cours de l’allaitement. Toutes les données ont ensuite été compilées pour aboutir à un consensus, qui ne tient pas lieu de recommandations, mais d’éclairage pour la pratique clinique quotidienne.
Un premier travail sur les biothérapies et la grossesse
Le professeur Cindy BARNIG, pneumologue, spécialiste de l’asthme, au Centre Hospitalier Universitaire de Besançon, félicite ce premier travail qui va vers des recommandations sur l’utilisation des biothérapies au cours de la grossesse. Elle rappelle qu’il existe déjà quelques données de sécurité sur l’omalizumab, qui reste la plus ancienne des biothérapies, mais cela reste assez pauvre. Il n’existe pas de données d’études randomisées compte-tenu de l’exclusion des grossesses lors de ces travaux. Cindy BARNIG précise que ces résultats sont issus de cas rapportés et de banques de données de pharmacovigilance, ce qui confère des limites à ce travail, mais il a le mérite d’être issu de la réflexion de spécialistes experts internationaux, de 30 pays différents, dont 12 praticiens français, et d’apporter un consensus Delphi avec des données concordantes sur la gestion des biothérapies en pré-grossesse, au cours de la grossesse et après l’accouchement.
Une balance bénéfice risque plutôt en faveur du bénéfice
Cindy BARNIG explique que les auteurs de ce travail ont réalisé deux tours de questionnaires pour arriver au consensus et elle relève qu’ils ont tous eu approximativement le même point de vue, ce qui est rassurant. Elle souligne que ce ne sont pas des recommandations mais que ces résultats permettent d’alimenter la discussion avec les patientes. Les principales données sont plutôt positives et orientent vers un intérêt et une sécurité de l’utilisation des biothérapies au cours de la grossesse et au stade pré-conceptionnel mais il est impossible d’affirmer qu’il y a un « risque zéro », sauf pour l’omalizumab du fait de son ancienneté. Pour Cindy BARNIG, le sentiment global et la connaissance des mécanismes d’action des biothérapies font penser que l’on peut les utiliser, avec une balance bénéfice /risque plutôt en faveur du bénéfice.
En conclusion, cette très belle étude conforte dans l’idée que les biothérapies serait utilisables chez les femmes enceintes asthmatiques et même s’il ne s’agit pas de recommandations, ils apportent une aide au quotidien pour enrichir la discussion avec les patientes et orienter les choix.