Diabétologie
Hyperuricémie : les iSGLT-2 réduisent les crises de lithiase rénale et de goutte
Les inhibiteurs de SGLT-2 diminuent significativement d’un tiers le risque de récidive de lithiase rénale et de crises de goutte chez les patients diabétiques de type 2 par comparaison aux agonistes du GLP1.
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Chez les patients diabétiques de type 2, la lithiase rénale et la goutte sont des comorbidités fréquentes et invalidantes. Des essais contrôlés randomisés ont montré que les inhibiteurs du SGLT-2 réduisent également les taux d'urate sérique, en faisant progresser l'excrétion urinaire d'acide urique, ce qui se traduit également par un risque plus faible de poussées de goutte.
Une étude issue de données observationnelles, chez les patients diabétiques de type 2 avec des lithiases rénales, montre que l'utilisation d'inhibiteurs de SGLT-2 réduit significativement le risque de récidive de lithiase rénale de 33 % par rapport aux agonistes des récepteurs du GLP-1, un autre hypoglycémiant. Ces résultats sont publiés dans The BMJ.
Une réduction significative de la comorbidité goutteuse
Cette réduction du risque correspond à 51 événements de lithiase rénale en moins pour 1 000 patients-années (nombre nécessaire pour traiter, NNT=20), et même 219 événements en moins chez les patients ayant une lithiase rénale récemment active (NNT=5). Les inhibiteurs de SGLT-2 montrent également une efficacité similaire lorsqu'ils sont comparés aux inhibiteurs de la DPP-4, avec une réduction du risque de 27 % (RR=0,73) et un NNT de 26.
De plus, les patients qui ont une goutte concomitante ont une réduction du risque de récidive de lithiase rénale et de crises de goutte, avec un RR de 0,67 et un NNT de 19 par rapport aux agonistes des récepteurs du GLP-1, et un RR de 0,63 et un NNT de 16 par rapport aux inhibiteurs de la DPP-4.
En ce qui concerne la tolérance, un risque accru d'infections génitales a été observé chez les utilisateurs d'inhibiteurs de SGLT-2 (HR=2,21), correspondant à 13 événements supplémentaires pour 1 000 patients-années, mais aucun risque augmenté d'arthrose ou d'appendicite n'a été noté.
Une émulation de données observationnelles en un essai clinique
L'étude a été réalisée en utilisant une approche d'émulation d'essais cliniques ciblés (target trial emulation), basée sur les données d'une vaste base de données populationnelle canadienne couvrant la période de janvier 2014 à juin 2022. Plus de 20 000 patients atteints de diabète de type 2 et de lithiase rénale ont été inclus, dont une proportion avait également une goutte concomitante. Les patients initiant un traitement par inhibiteurs de SGLT-2 ont été comparés à ceux initiant un agoniste des récepteurs du GLP-1 ou un inhibiteur de la DPP-4, en utilisant un design de nouvelle utilisation avec comparateur actif.
Les analyses ont été ajustées pour de nombreux facteurs de confusion potentiels grâce à des méthodes statistiques avancées, notamment la pondération par l'inverse de la probabilité de traitement et la pondération par chevauchement. Les résultats ont été cohérents à travers les analyses secondaires, de sensibilité et les sous-groupes, suggérant la robustesse des conclusions.
En pratique
Ces résultats ont des implications cliniques importantes. Les inhibiteurs de SGLT-2 pourraient être envisagés comme une option thérapeutique pour les patients diabétiques de type 2 souffrant de lithiase rénale et/ou de goutte, en plus de leurs bénéfices cardiovasculaires et rénaux déjà établis.
Les mécanismes proposés incluent l'effet diurétique osmotique des inhibiteurs de SGLT-2, qui augmente le débit urinaire et dilue les solutés lithogènes, ainsi que la réduction des taux sériques d'acide urique par augmentation de l'excrétion urinaire de l'urate. Ces effets pourraient contribuer à réduire la formation de calculs rénaux et les crises de goutte.
Des études supplémentaires, notamment des essais cliniques randomisés, sont nécessaires pour confirmer ces résultats et déterminer leur impact sur la pratique clinique. En attendant, les médecins pourraient envisager l'utilisation d'inhibiteurs de SGLT-2 chez les patients diabétiques avec hyperuricémie, en tenant compte des risques et bénéfices individuels, y compris le risque accru d'infections génitales.