Onco-sein

Cancer du sein triple négatif : intérêt de l’ajout d’une immunothérapie en périopératoire

Les résultats définitifs de l'étude de phase 3 KEYNOTE-522 démontrent l’intérêt sur la survie globale d’associer du pembrolizumab à une chimiothérapie dans le traitement du cancer du sein triple négatif à un stade précoce.

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  • 17 Sep 2024
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    Le cancer du sein triple négatif (CSTN) représente une forme agressive de cancer, caractérisée par l'absence de récepteurs hormonaux et HER2. Ce sous-type est associé à un risque élevé de récidive précoce et de survie réduite malgré une chimiothérapie systémique à visée curative.

    L'étude de phase 3 KEYNOTE-52, présenté au congrès de l’ESMO 2024 et publiée conjointement dans le New England Journal of Medicine,  montre des améliorations significatives de la réponse pathologique complète et de la survie sans événement dans le cancer du sein triple négatif à la phase précoce avec l'ajout du pembrolizumab, un inhibiteur de PD-1, à une chimiothérapie néoadjuvante à base de platine. Les résultats finaux de cette étude confirment un bénéfice significatif sur la survie globale chez les patientes atteintes d'un cancer du sein triple négatif à un stade précoce.

    Données principales et tolérance

    Dans cette étude, 1174 patientes atteintes de cancer du sein triple négatif à un stade II ou III non traité auparavant ont été randomisées pour recevoir soit une thérapie néoadjuvante combinant pembrolizumab et chimiothérapie, soit une chimiothérapie avec placebo. Avec un suivi médian de 75,1 mois, la survie globale estimée à 60 mois est de 86,6 % dans le groupe pembrolizumab-chimiothérapie contre 81,7 % dans le groupe placebo-chimiothérapie (p=0,002).

    Les événements indésirables sont cohérents avec les profils de sécurité établis du pembrolizumab et de la chimiothérapie, avec des effets indésirables de grade 3 ou plus survenus chez 77,1 % des patientes du groupe pembrolizumab et 73,3 % des patientes du groupe placebo.

    Les événements indésirables graves liés au traitement sont plus fréquents dans le groupe pembrolizumab (34,1 % contre 20,1 %). Les effets indésirables immunitaires ont été plus courants avec le pembrolizumab, bien que majoritairement gérés par des interruptions de traitement ou des traitements spécifiques.

    Qualité des données et méthodologie

    L’étude KEYNOTE-522 est une étude randomisée, contrôlée par placebo et en double aveugle, conduite dans 181 centres de 21 pays. La robustesse méthodologique de cette étude est assurée par une randomisation adéquate, une stratification préalable selon des critères cliniques pertinents et une analyse en intention de traiter.

    Le suivi prolongé de plus de six ans et l'évaluation indépendante des résultats augmentent la fiabilité des conclusions. Néanmoins, certaines analyses de sous-groupes demeurent exploratoires, nécessitant une interprétation prudente.

    Synthèse et perspectives

    L'ajout du pembrolizumab à la chimiothérapie néoadjuvante, suivi par une administration adjuvante, améliore significativement la survie globale des patientes atteintes de cancer du sein triple négatifs à un stade précoce, indépendamment du statut d’expression de PD-1 ou de la réponse pathologique complète. Ces résultats soutiennent l'intégration de ce protocole de traitement dans les pratiques cliniques pour les patientes à haut risque du fait de la lourdeur non négligeable de ce protocole.

    Les futures recherches devraient explorer l'impact de facteurs biologiques spécifiques sur la réponse au traitement et évaluer l'efficacité d'autres combinaisons thérapeutiques pour améliorer davantage le pronostic de ces patientes.

     

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