Chirurgie
Arthrose de l'épaule sur coiffe intacte : moins de réinterventions avec la prothèse inversée
Dans une population d'adultes âgés de 60 ans ou plus ayant reçu une prothèse totale d’épaule ou une prothèse totale inversée pour une arthrose omo-humérale avec coiffe des rotateurs intacte, malgré la différence de risque de révision chirurgicale au fil du temps (favorisant la prothèse inversée au cours des trois premières années), aucune différence cliniquement importante n'a été observée globalement.
- sittithat tangwitthayaphum/istock
L'arthroplastie de l'épaule est une option de traitement efficace pour l'arthrose omo-humérale en phase terminale. L'utilisation de l'arthroplastie totale inversée de l'épaule (RTSR), initialement développée dans l'arthrose secondaire à une rupture de la coiffe des rotateurs, a maintenant été étendue à différentes indications chirurgicales, y compris l'arthrose avec une coiffe des rotateurs intacte, une pathologie traditionnellement traitée par une arthroplastie totale anatomique de l'épaule (TSR). Cette évolution des pratiques se développe malgré le manque de preuves en faveur de ce choix.
Une équipe de chercheurs de l'Université d'Oxford a mis en place une étude de cohorte en population en utilisant les données du National Joint Registry and Hospital Episode Statistics for England. Le critère principal était la reprise chirurgicale. Les critères secondaires comprenaient les événements indésirables graves dans les 90 jours, les ré-interventions dans les 12 mois, les séjours hospitaliers prolongés (plus de trois nuits), l'évolution de l'Oxford Shoulder Score (avant l'opération et six mois après l'opération) et les coûts à vie pour les services de soins de santé. L’étude est publiée dans The BMJ.
Une réduction du risque de réintervention avec la prothèse inversée
Dans une population d'adultes âgés de 60 ans ou plus ayant reçu une prothèse inversée (RTSR) ou une prothèse normale (TSR) pour une arthrose avec des tendons de la coiffe des rotateurs intacts, la population appariée au score de propension comprenait 7124 procédures de RTSR ou de TSR (126 ont été révisées), et la population pondérée par la probabilité inverse de traitement comprenait 12 968 procédures (294 ont été révisées) avec un suivi maximum de 8,75 ans.
La prothèse inversée (RTSR) a eu un rapport de risque réduit de révision au cours des trois premières années (rapport de risque local minimum 0,33, IC à 95 % 0,18 à 0,59) sans différence cliniquement importante dans la durée de survie moyenne sans révision, et un risque relatif réduit de réintervention à 12 mois (OR 0,45, IC à 95 % 0,25 à 0,83) avec une différence de risque absolu de -0,51 % (IC à 95 % -0,89 à -0,13).
Les risques d'événements indésirables graves et de séjour prolongé à l'hôpital, la modification de l'Oxford Shoulder Score et les coûts moyens modélisés sur la durée de vie sont similaires. Les résultats sont restés cohérents après pondération.
Une étude basée sur une large population et un long suivi
Des organismes de santé comme le National Institute for Health and Care Research ont financé des essais contrôlés randomisés pour remédier à ce manque de preuves. Toutefois, la réalisation de ces essais peut prendre plus de cinq ans et ils ne rendent généralement compte que des résultats cliniques à deux ans. En outre, il n'existe aucune garantie d'achèvement en raison des défis uniques auxquels sont confrontés les essais chirurgicaux, tels que le recrutement prolongé, les changements dans les méthodes opératoires et les soins associés, ainsi que les changements sociologiques.
Il est important de noter que, dans ce contexte, les essais contrôlés randomisés ne peuvent pas évaluer la survie à long terme des prothèses implantées pendant de nombreuses années, tandis que la taille réduite des échantillons est généralement insuffisante pour évaluer le nombre relativement faible d'événements indésirables graves observés dans le domaine de l'orthopédie programmée. L'utilisation de données collectées en routine, en particulier à partir de grands registres nationaux des articulations, peut potentiellement accélérer les réponses pour une fraction du coût.
Des résultats globalement équivalents sauf pour les révisions
Les deux types d'intervention ont un profil de risque de révision significativement différent dans le temps, la prothèse inversée étant associée à un risque réduit (moins de la moitié) de chirurgie de révision précoce jusqu'à trois ans. Toutefois, aucune différence de risque absolu cliniquement importante n'a été constatée pendant toute la durée de l'étude.
Les résultats de cette étude soutiennent l'utilisation de la prothèse inversée et de l'arthroplastie totale anatomique de l'épaule (TSR) pour les patients âgés de 60 ans ou plus souffrant d'arthrose et dont la coiffe des rotateurs est intacte, s’ils ont besoin d'une arthroplastie élective de l'épaule. Aucune différence dans les coûts de santé (modélisés sur la vie) n'a été constatée entre l'arthroplastie totale de l'épaule anatomique et la prothèse inversée de l'épaule dans ce groupe de patients