Près de 800 cas par an
Méningites : une campagne pour prévenir une maladie imprévisible
Une personne sur dix meurt de la méningite. Pour l'éviter, le collectif Ensemble contre la méningite lance une campagne d'information sur les symtômes et l'intérêt de la vaccination.
La méningite bactérienne frappe sans prévenir. Les symptômes peuvent faire penser à une vulgaire rhinopharyngite, à une simple gastro-entérite ou à une bronchite. Les médecins eux-mêmes le disent : le diagnostic est très difficile à poser.
Pour les associations qui lancent aujourd’hui une campagne contre la méningite, pas question pour autant de se résigner. « Petit Ange » et « Méningites France-Association Audrey », à l’origine du collectif « Ensemble contre la méningite » se mobilisent donc à l’occasion de la Journée mondiale du 24 avril pour que les parents du monde entier puissent « protéger leurs enfants ». Pour les alerter, ces associations ont demandé à la photographe australienne, Anne Geddes, de réaliser le portrait de 15 enfants rescapés de la méningite.
Des symptômes trop mal connus
« Tout le monde connaît le mot méningite, mais très peu de parents savent ce qui se cache derrière, regrette Patricia Mehrant-Sorel, présidente de l’association Petit Ange, dont la fille est décédée d’une méningite. Premier élément à connaître : les méningites sont nombreuses mais seules d’origine bactériennes sont dangereuses. Elles constituent une urgence absolue et « chaque heure compte », insiste Patricia Mehrant-Sorel. « Il faut que les parents connaissent les symptômes. La plupart ne connaissent que la sensibilité à la lumière, la fièvre et la raideur de la nuque. Ma fille avait de la fièvre mais pas les deux autres symptômes ». Chez le nourrisson, il faut aussi être en alerte quand il y a un changement de comportement inexpliqué, une perte d’appétit, les extrémités très froides, des vomissements en jets, ou encore une fontanelle légèrement bombée, un teint blême… « Mais, le signe le plus grave, c’est quand des tâches rouges apparaissent sur la peau. C’est ce que l’on appelle le purpura fulminans. Là, le compte à rebours est lancé, » prévient la présidente de l’association Petit Ange. Pour savoir s’il s’agit d’un purpura fulminans, Patricia Mehrant-Sorel conseille le test du verre : « Il faut appuyer un verre transparent sur la tâche. Si elle ne disparaît pas, c’est un purpura ! »
Un sur 10 meurt de la méningite
Bien sûr, les parents peuvent risquent de tirer la sonnette d’alarme à tort mais pour les associations à l’origine de cette campagne, cette sensibilisation peut aussi sauver des vies. Chaque année, en France, quelque 500 à 800 personnes sont touchées par une méningite à méningocoque. La plupart sont des nourrissons ou des jeunes enfants. Un sur dix en meure et 6% des « survivants » ont des séquelles graves, telles qu’une surdité, des problèmes neurologiques, une insuffisance rénale ou encore une amputation. C’est pourquoi « il ne faut pas hésiter à déclencher une sorte d’alerte chez le médecin, et prononcer le mot de méningite », déclare Patricia Mehrant-Sorel. Les médecins eux-mêmes ont du mal à poser un diagnostic. "L'infection invasive à méningocoque, c'est comme une aiguille dans une botte de foin", concède le Pr Jean-Christophe Mercier, des urgences pédiatriques de l’hôpital Robert Debré à Paris. Une étude de 2006 parue dans le Lancet a montré que les trois-quarts des signes d'infection générale étaient présents dans les dix premières heures, et pourtant la moitié des infants n'ont pas été hospitalisés à la suite de leur première consultation.
Une vaccination insuffisante contre la méningite C
Pour prévenir les méningites bactériennes, le collectif d’associations compte donc aussi sur la vaccination. Elle a déjà permis de réduire considérablement la fréquence de certaines d’entre elles. Mais, la campagne d’Ensemble contre la méningite veut rappeler que ces vaccins existent. « La plupart des parents ne le savent même pas, » regrette Patricia Mehrant-Sorel. Des chiffres publiés en janvier dernier dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire ont d’ailleurs montré que la méningite de type C est en recrudescence faute de couverture vaccinale adéquate. Entre 2010 et 2012, le nombre de cas pour 100 000 habitants a quasiment doublé chez les moins de 1 an, les 15-19 ans et les adultes de plus de 25 ans. En pleine crise de confiance sur la vaccination, le Pr Jean-Christophe Mercier tient lui à « dire aux familles qu’elles doivent croire leur médecin quand il leur dit que la vaccination est le moyen de protection le plus efficace ».
Quant au vaccin de la méningite bactérienne de type B – qui représente plus de 70% des cas -, il est en pharmacie depuis décembre 2013. Mais, le Bexsero n’est, pour le moment, recommandé que chez les personnes à risque et dans le cadre des campagnes de vaccinations dans les zones hyperendémiques, comme en Normandie ou en Picardie. Il n’est donc pas remboursé.
Le vaccin contre le type B en question
A l’occasion de la journée mondiale de la méningite, les associations souhaitent donc remettre sur le devant de la scène une question centrale : faut-il recommander le vaccine contre la méningite B chez tous les enfants ? Pour Patricia Mehrant-Sorel, la réponse va de soi : "Quand on a perdu un enfant d'une méningite, qu'on voit que d'autres en meurent chaque année, que des familles sont détruites, il est évident qu'il faut se servir de l'arme dont on dispose". Le Pr Jean-Christophe Mercier tient évidemment des propos plus mesurés mais ne dit pas autre chose : "Les Britanniques ont trouvé ce vaccin suffisamment convaincant pour le recommander au plus grand nombre. Doit-on vraiment attendre que les Anglais aient apporté la preuve de son efficacité ? C'est vrai que le nombre de cas de méningites est faible, mais si la santé a un coût, la vie n'a pas de prix." Ce spécialiste souhaite clairement que son message soit entendu par le comité technique des vaccinations et "qu'il change son fusil d'épaule".
Dans le monde, une personne meurt toutes les dix minutes d'une méningite bactérienne.