Capacités altérées
Alcool : un seul verre perturbe la conduite des plus de 55 ans
Après 55 ans, un simple verre d'alcool peut influencer les capacités à conduire. Au vu de cette étude, les chercheurs plaident pour que l'on fixe des limites légales d'alcoolémie en fonction de l'âge.
Un verre de vin pour accompagner le dîner ? Il peut être celui de trop passés 55 ans, selon une étude de l’université de Floride (Etats-Unis). Les résultats, parus dans l’édition de février de Psychopharmacology, suggèrent que le plus âgés ressentent plus tôt les effets de l’alcool que les plus jeunes.
Une conduite plus saccadée
Les chercheurs ont analysé le comportement de deux groupes : 36 personnes âgées de 25 à 35 ans, et autant âgées de 55 à 70 ans. Ils ont tous participé à un test de conduite en simulateur avant et après avoir consommé une dose d’alcool. Trois écrans reproduisaient la visibilité à travers le pare-brise et les deux fenêtres. Un système sonore mimait les sons de la conduite, sur une route de campagne sinueuse de 5 km environ. Leurs capacités à rester au centre de leur voie, à respecter les limitations de vitesse et à bouger le volant dans les temps ont été relevées. Les participants devaient gérer le volant, l’accélération et le freinage. Ils rencontraient de temps à autre un véhicule, mais aucun autre élément n’a perturbé leur conduite.
« Ces simulations ont souvent été utilisées chez les adultes plus âgés, et pour observer l’impact de l’alcool sur la conduite des plus jeunes, mais personne n’a encore pensé à étudier la combinaison entre les conducteurs vieillissants et l’alcool », explique Alfredo Skar, auteur de l’étude. Aucun participant n’a ingéré une dose suffisante pour dépasser la limite légale (0,08 g par litre d’air expiré selon les normes américaines). Mais dès le premier verre, les effets de l’alcool se ressentaient sur la conduite du groupe des 55-70 ans. « Nous avons observé que même à ces faibles doses, les adultes plus âgés étaient plus sensibles à la détérioration, aux changements négatifs et aux aspects particuliers de la conduite ; elle était plus saccadée, les conducteurs avaient plus de mal à rester dans leur voie », explique le Dr Sarah Jo Nixon, auteur de l’étude.
Pas d’effets chez les jeunes
Pour vérifier l’impact de l’alcool sur la conduite, les chercheurs ont ensuite séparé les groupes en sous-catégories. Certains ont absorbé un placebo, d’autres de l’alcool pour atteindre 0,04 g par litre d’air expiré, et les derniers assez d’alcool pour expirer 0,065 g par litre d’air. Aucune dose n’influençait la conduite des plus jeunes. En revanche, dans le groupe des 55-70 ans, les plus petites doses affectaient les capacités des conducteurs. Selon les chercheurs, il faudrait donc revoir les limites légales pour tenir compte des différentes tranches d’âges.
« Il est vraiment parlant que, dans un environnement contrôlé, avec des tests très simples, nous observions les effets de l’alcool chez les plus âgés », estime le Dr Nixon. « Si nous les voyons dans cet environnement, qu’allons-nous observer dans le monde réel ? Les effets pourraient être bien pires. » Des résultats complémentaires, dans des situations plus complexes, sont en cours d’analyse pour observer à quel point les capacités de conduite sont affectées.