Etude présentée à la CROI (Boston)
Sida : les tests rapides trop compliqués pour être des autotests
Les tests rapides d'orientation diagnostique (Trod) sanguins au doigt ne sont pas utilisables en auto-tests. D'après une étude française, un tiers des personnes les utilisent mal.
Il y a quelques jours, l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) publiait sur son site une mise en garde contre l'utilisation d'autotests du VIH vendus de façon illicite sur Internet. Ces autotests salivaires ou sanguins, qui permettent de se tester soi-même à domicile ne possèdaient en effet pas le marquage CE obligatoire. L'Agence rappelait qu'il n’existe pour l’instant aucun autotest de dépistage du VIH disponible sur le marché européen.
Alors, dans l'attente, des chercheurs français ont voulu savoir si les tests rapides d'orientation diagnostique (Trod) pouvaient être utilisés comme autotests. En principe, seuls les professionnels de santé sont habilités à utiliser les Trod. Toutefois, pour des publics particuliers (homos et bisexuels, migrants, personnes précaires, travailleurs-euses du sexe), des associations sont également habilitées à pratiquer des tests à l'aide de Trod. Ils permettent de savoir en moins d’une minute si l’on est porteur ou non du VIH, grâce à une goutte de sang placée dans un lecteur. Le résultat, s'il est positif, doit toujours être confirmé par une prise de sang.
Des Trod mal réalisés en autotest dans un tiers de cas
Mais, d'après une petite étude relayée par l'Agence Presse Médicale (APM) menée au CHU de Tours présentée mardi lors de la Conference on Retroviruses and Opportunistic infections (CROI) à Boston, les tests de dépistage du VIH au doigt commercialisés en France sont peu adaptés à l'autotest. Pour parvenir à cette conclusion, ces chercheurs ont inclus 40 patients VIH+ pris en charge dans leur service et leur ont proposé de réaliser le test sans explication orale préalable, mais après qu'ils aient lu une notice explicative, "pour les mettre dans les conditions d'un autotest vendu dans le commerce", a commenté Guillaume Gras principal auteur de l'étude à l'APM.
Au final, un tiers des patients n'ont pas réussi à faire correctement le test, ce qui conduit l'équipe à conclure que ces dispositifs ne sont pas optimaux pour les autotests. Néanmoins, selon les entretiens menés dans le cadre de cette étude, les participants étaient plutôt favorables aux tests sanguins au doigt, qu'ils se représentent "plus fiables" que des tests salivaires. De plus, une quarantaine de tests avaient "disparu" à l'issue de l'expérience. Cela reflète, l'intérêt général, ou au moins des étudiants en médecine, pour les autotests du VIH, selon l'équipe.
Les autotests accueillis avec précaution par les associations
Pour rappel, en France, l'association de lutte contre le sida AIDES demande la mise en place d'un numéro d'urgence parallèlement à l'arrivée des autotests dans les pharmacies françaises prévue pour 2014. « Il faut un dispositif 24h/24 pour que chaque personne qui obtiendrait un résultat positif puisse avoir accès à une écoute, des conseils et un soutien psychologique », expliquait récemment au micro de RTL, Christian Andréo, directeur de la communication de l'association. Par ailleurs, AIDES demandait aussi que les autotests puissent être distribués à prix réduit via les associations. Car en pharmacie, ils seront vendus au prix élevé de 35 euros.
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