Tâches parentales et domestiques
Les femmes-médecins sacrifient leur carrière pour leur ménage
Les inégalités sexuelles se maintiennent dans les professions. Chez les médecins-chercheurs, les femmes consacrent 8 heures de plus par semaine que leur conjoint aux tâches ménagères.
Les disparités hommes femmes persistent, y compris dans les professions hautement diplômées. Une étude de l’université du Michigan (Etats-Unis) montre que les femmes consacrent plus de temps aux tâches familiales et domestiques que leurs collègues hommes. Les résultats, parus ce 4 mars dans Annals of Internal Medicine, suggèrent que certains comportements résistent aux discours égalitaires.
Les femmes se sacrifient plus
Plus de 1 000 personnes diplômées de médecine, ayant reçu une bourse de développement de carrière de l’Institut National de la Santé, ont participé à un sondage. Les questionnaires ont évalué le temps consacré au travail et celui réservé aux responsabilités familiales.
Même chez ces chercheurs très motivés, les femmes sacrifient davantage leur temps de recherche au profit de la famille. « On pourrait s’attendre à ce que, parmi cette population très éduquée […], il y ait une distribution relativement équitable du travail domestique. Mais nous avons découvert qu’il y existe toujours une différence entre les attentes à la maison pour les hommes et les femmes », explique le Dr Reshma Jagsi, auteur de l’étude.
Dans les faits, les hommes étaient 4 fois plus souvent mariés à une femme sans emploi ou employée à temps partiel. En revanche, pour l’immense majorité des femmes, l’époux était employé à temps plein. Les enseignants-chercheurs mariés avec enfant travaillaient chaque semaine 7 heures de plus et consacraient 12 heures de moins au foyer que leurs collègues femmes. La persistance d’un modèle familial dans lequel l’homme est le pilier financier du foyer explique en partie ces écarts.
Une menace pour la carrière
Même en tenant compte du poste du conjoint, l’écart subsiste : les femmes médecins mariées consacrent 8 heures et demi de plus par semaine aux tâches parentales et domestiques. « Cela pourrait refléter des attentes inconscientes qui ont résisté au changement. Par exemple, les formulaires scolaires demandent souvent le nom de la mère en premier, suggérant que la femme est souvent le premier contact », estime le Dr Jagsi. Concrètement, selon les auteurs de l’étude, ces disparités mettent à mal les chances de réussite des femmes médecins et chercheuses. « La médecine doit être une profession dans laquelle les femmes comme les hommes peuvent réussir, et un environnement où les femmes puissent être un modèle de réussite », selon le Dr Jagsi.
Pour résoudre les contraintes domestiques et familiales, son équipe propose plusieurs solutions. Les subventions sont au cœur du dispositif, afin de déléguer au maximum le temps consacré aux tâches domestiques.