3 jeunes hommes décèdent en deux jours
Méningite : les Français boudent la vaccination
Deux jeunes hommes d'une même famille, ainsi qu'une troisième personne, ont succombé à une méningite à Nice. Selon l'InVS, la vaccination contre cette maladie peine à convaincre les Français.
Trois décès en deux jours ! C'est le bilan provisoire de la méningite qui frappe actuellement la région niçoise. « On peut considérer qu'il s'agit de trois cas de méningite», a indiqué au quotidien Le Parisien Marie-Claude Dumont, conseiller médical du directeur de l'ARS en région PACA.
Et malheureusement, la liste des victimes ne s'arrêterait pas là. Deux autres adolescents, dont un « dans un état grave », se trouvent actuellement au CHU de Nice pour les mêmes symptômes laissant suspecter une méningite : forts maux de tête, raideurs dans la nuque et une forte fièvre. Les victimes auraient été touchées par deux types de méningites différents, la B et la C. Deux maladies contre lesquelles des vaccins existent. Pourtant, cette vaccination peine toujours à convaincre les Français.
L'échec de la vaccination contre la méningite C
Dans un Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'InVS (1) publié début janvier 2014, les épidémiologistes rapportaient des taux de couverture vaccinale contre la méningite C au 31 décembre 2013 de seulement 50 % chez les 1-4 ans, 30 % chez les 5-9 ans et decrescendo jusqu’à 3 % à peine chez les jeunes adultes.
Pourtant, en France, depuis 2010, le vaccin contre le méningocoque C est recommandé à partir de 12 mois et jusqu’à 24 ans.
« Ces résultats sont totalement insuffisants pour assurer l’immunité de groupe recherchée » commentait à cette occasion sur pourquoidocteur le Dr Robert Cohen (2), pédiatre et infectiologue au Centre hospitalier de Créteil. « Qui a entendu parler de l’importance de cette vaccination ? Les pouvoirs publics n’ont même pas émis le moindre support de communication, pas de spots radios ou télé, rien ! »
L’obstacle financier, en revanche, peut être écarté puisque la dose vaccinale est remboursée à 65% par la sécurité sociale et complétée par les mutuelles.
Par ailleurs, la méningite de type C n’est pas la plus fréquente en France. Sur les 559 cas notifiées en 2012, 68 % étaient dues au méningocoque B et 18 % au méningocoque C. Cette dernière est en revanche la plus meurtrière, avec 14 % de décès des personnes infectées contre 5 à 8 % pour les autres formes de méningite.
Plus inquiétant encore, le méningite de type C connaît actuellement une importante recrudescence en France. Entre 2010 et 2012, le nombre de cas pour 100 000 habitants a quasiment doublé chez les moins de 1 an, les 15-19 ans et les adultes de plus de 25 ans. Et le problème s’installe puisque les auteurs du BEH soulignaient que 85 cas d’infections par le méningocoque C sont survenus au 1ersemestre 2013, contre 99 pendant toute l’année 2012 !
Le premier vaccin contre la méningite B non remboursé
Enfin, concernant l'autre méningite, la B, qui a vraisemblablement touché un des jeunes niçois, le vaccin vient d'arriver dans les pharmacies. Il est tout nouveau et son fabricant, Novartis, a fait cette annonce ce 11 décembre 2013. Le méningocoque B est responsable d’une majorité de méningites graves en France. Et le vaccin Bexsero serait, selon Novartis, « le premier vaccin à large spectre » contre la méningite B. Il couvre 70 à 90 % des souches de méningocoques B dans les pays d’Europe.
En France, il en couvrirait 85 %. Le vaccin pourra être obtenu sur prescription médicale. Il n’est cependant pas remboursé par la Sécurité sociale. Son prix devrait en plus avoisiner les 93 € par dose selon le laboratoire Novartis, sans tenir compte des variations selon les pharmacies.
Pour sa part, le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) ne recommande pas l’utilisation du vaccin Bexsero en prévention de la méningite B dans la population générale. En revanche, les populations à risque, comme les immunodéprimés, peuvent se faire vacciner. Le Haut Conseil soulignait aussi qu’il peut être substitué au MenBvac, actuellement utilisé, dans le cadre de certaines campagnes de vaccinations dans des zones hyperendémiques, comme en Normandie ou en Picardie.
(1) Institut de veille sanitaire
(2) Le Dr Robert Cohen déclare prendre part à des essais cliniques en qualité d’investigateur principal, coordonnateur ou expérimentateur principal pour GSK et Pfizer. Il déclare également recevoir des versements substantiels au budget d’une institution dont il est responsable de la part de Pfizer, GSK, Sanofi Pasteur MSD et Novartis.