Modification de notre ADN

Peste Noire : comment la moitié des Européens a résisté à l'épidémie

En étudiant l’ADN des Roms de Roumanie et des Roumains d’ascendance européenne, des chercheurs ont montré que notre code génétique s’est modifié pour résister à la peste.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Tapisserie "La peste noire de Tournai", enterrement des pestiférés (GOLDNER/SIPA)
  • 14 Fév 2014
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    La Peste Noire qui a frappé l’Europe au Moyen Âge aurait tué jusqu’à la moitié de la population. Comment l’autre moitié a-t-elle réussi à survivre ? Notre code génétique recèlerait-il les secrets de cette résistance au bacille Yersinia pestis ? Une équipe internationale s’est posée la question. Leurs résultats sont parus dans l’édition de février de PNAS, la revue de l’Académie américaine des Sciences.

    Les chercheurs ont analysé l’ADN de trois groupes distincts mais avec plusieurs points de convergence : des Roumains d’ascendance européenne, une population de Roms vivant en Roumanie, et des individus vivant dans le Nord de l’Inde, d’où sont venus les Roms il y a plus de 1000 ans. L’objectif : déterminer si l’épidémie de peste bubonique a façonné ou non le génome de ceux qui l’ont affrontée.

    20 gènes spécifiques aux populations roumaines

    La peste noire, selon les résultats de l'étude, a marqué l’ADN humain, en favorisant la survie des individus porteurs d’une certaine séquence. Les caractéristiques génétiques des deux groupes européens étaient distinctes au XIVe siècle, date à laquelle la pandémie a frappé l’Europe. Et même après mille ans de séparation, les Roms émigrés partagent toujours le même patrimoine génétique avec ceux du Nord de l’Inde… à l’exception d’une vingtaine de gènes, qu’on ne trouve que chez les populations roumaines et Roms.

    Une séquence d’ADN en particulier a attiré l’attention des chercheurs. Il s’agit de gènes qui produisent les récepteurs membranaires, qui se fixent sur les bactéries pathogènes et déclenchent la réaction immunitaire. En testant la réactivité des récepteurs sur le bacille de la peste, l’équipe a remarqué une plus grande efficacité de la séquence. Les populations chinoises, africaines ou indiennes – qui n’ont pas été exposées à une épidémie de peste de ce type – ne possèdent pas ces gènes. Cela rend d’autant plus probable l’hypothèse selon laquelle les maladies peuvent pousser le génome à se modifier pour mieux leur résister.

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