Baromètre d’opinion BVA/ Drees
Santé : 9 Français sur 10 estiment que les inégalités se creusent
Près d'un quart des Français considèrent les inégalités d’accès aux soins comme inacceptables. Selon un baromètre d'opinion de BVA, elles sont pires que les inégalités de revenus et de logement.
La crise rend les Français plus critiques. En 2000, seuls 7 Français sur 10 estimaient percevoir la montée des inégalités sociales. En 2013, ils étaient 9 sur 10 à avoir ce sentiment. Néanmoins, selon le Baromètre d’opinion publié par la Drees ce mercredi, les Français demeurent très attachés au système public de protection sociale et d’assurance maladie. Pourquoidocteur fait le point sur les principaux résultats de cette enquête.
Les inégalités d’accès aux soins sont les moins acceptables
Et les inégalités d'accès aux soins sont de plus en plus jugées inacceptables. D’après ce baromètre réalisé par BVA et l’étude « Qualité et accessibilité des soins de santé : qu’en pensent les Français ? », c'était le cas de près d’1 Français sur 4 en 2013. Pour la première fois en 2012 puis en 2013, elles occupent la 1ère position, devant les inégalités de logement, de revenus et de situations liées à l’origine ethnique.
Cependant, ces résultats montrent également que seuls 9 % des Français considèrent les inégalités de soins comme le type d’inégalités le plus répandu. Néanmoins, environ 6 Français sur 10 ne sont pas d’accord avec l’affirmation qu’« on a la même qualité de soins quel que soit son revenu » ou « son lieu d’habitation ». « Cette dernière opinion peut faire référence à un renoncement aux soins, lié notamment à des problèmes de revenus. En effet, 15 % des Français ont renoncé à des soins pour des raisons financières au cours des douze derniers mois, d’après l’Enquête sur la santé et la protection sociale de 2010, précise la synthèse des résultats de l’étude parue aujourd’hui. Le renoncement aux soins dentaires pour raisons financières est également plus élevé en France que dans la moyenne des pays européens, pour les 20 % des personnes aux revenus les plus modestes».
Un système de protection sociale qui n’est pas remis en cause
Malgré les inquiétudes mise en avant par ce baromètre, il semble cependant que les Français ne remettent pas en cause leur système de protection sociale. En effet, une large majorité (64 %) juge normal que la France consacre un tiers du revenu national au financement de la protection sociale. Ce chiffre est globalement stable depuis 2009, et plus élevé qu’au début des années 2000. Les Français sont toutefois moins nombreux qu’en 2000 à juger cette part insuffisante, et un peu plus nombreux à la juger excessive.
De plus, ils restent très attachés au système public et universel d’assurance maladie. Bien que 85 % estiment que « les dépenses sont trop élevées car le système n’est pas bien géré », 4/5 pensent qu’il ne faut pas renoncer au monopole de la Sécurité sociale. Pour une majorité des Français (61 %), l’Etat reste l’acteur qui doit principalement « prendre en charge les personnes en difficulté sociale ». Une minorité des Français estime que ce rôle doit être assumé par les familles (8 %), les associations (5 %) ou les compagnies d’assurance (2 %). Enfin, une évolution notable cependant : en 2013, 60% des Français jugent que les entreprises ne doivent cotiser ni plus ni moins qu’actuellement pour la protection sociale, contre 48% en 2010. Et ils ne sont plus que 32% à penser qu’elles doivent cotiser davantage contre 45% en 2010.
Les Français en bonne santé, mais inquiets pour l’avenir
Enfin, cette enquête révèle qu’une majorité de personnes jugent leur situation médicale personnelle plutôt bonne en France, même s’ils sont en même temps plutôt pessimistes pour l’avenir et surtout pour celui de leur compatriotes. En effet, 70% des gens s’estiment en bonne santé en 2013, dont 30% en très bonne santé, des proportions qui sont stables depuis 2007. Cependant de façon assez logique, les auteurs notent un fort gradient par tranche d’âge : les moins de 30 ans sont 90 % à déclarer un bon état de santé, contre 58 % des plus de 65 ans.
Toutefois, pour la première fois dans ce baromètre annuel, en 2013, les Français qui estiment que l’état de santé de leurs compatriotes se dégrade représentent une majorité relative : 42 %, contre 38 % qui pensent que l’état de santé des Français s’améliore. 20 % déclarent que selon eux, il est resté identique. Par ailleurs, ces résultats montrent également que 68 % des Français sont satisfaits de la qualité des soins en hôpital, mais une proportion croissante d’entre eux estime qu’elle s’y est détériorée ces dernières années. Pour la première fois depuis l’introduction de la question dans le baromètre en 2010, les Français qui estiment que la qualité des soins hospitaliers en France s’est détériorée (43 %) sont au moins aussi nombreux que ceux qui pensent qu’elle s’est améliorée (42 %). Les auteurs de cette large enquête concluent donc que la période récente, marquée par la crise économique, rendrait les Français plus pessimistes et critiques quant aux évolutions de la société.